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Le clair de lune à Gandiol : Symphonie nocturne sous les étoiles

Le clair de lune à Gandiol : Symphonie nocturne sous les étoiles

Gandiol, berceau de mon enfance, prenait une autre dimension lorsque la lune, tel un grand maître d’orchestre, se hissait au-dessus de l’horizon. Dans ce village jadis sans électricité, chaque nuit éclairée par la pleine lune était une célébration silencieuse, une libération pour nous, enfants insouciants. Le ciel, vaste et lumineux, s’étalait au-dessus de nous, comme une toile étoilée que l’on ne se lassait jamais d’admirer.

Le clair de lune enveloppait tout dans une lueur argentée, douce et rassurante. Le firmament, étincelant de mille feux, semblait plus proche, presque à portée de main. Les étoiles, brillantes comme autant de lanternes célestes, nous invitaient à rêver, à imaginer des mondes au-delà des champs que nous connaissions si bien. Ces nuits avaient quelque chose de magique, rappelant les histoires envoûtantes des Mille et Une Nuits, où chaque étoile semblait conter un récit venu d’ailleurs, une promesse d’aventure et de mystère.

L’hivernage était à son comble, et avec lui, la promesse d’abondantes récoltes. Les vents doux du soir portaient les effluves des champs d’oignon, de carotte et de chou pommé, gorgés de vie par les pluies bienfaitrices. Nos pères, sereins, savouraient cette période de grâce, insouciants eux aussi, le cœur allégé par la générosité de la terre. Dans l’herbe verte, épaisse sous nos pieds nus, nous trouvions un refuge. Tout respirait la quiétude, le bon air frais de Gandiol caressait nos visages et emportait avec lui les rires et les chuchotements des enfants que nous étions.

Sous ce ciel lumineux, les luttes du village devenaient des spectacles épiques. Les jeunes, parfois des hommes plus mûrs, s’affrontaient dans des arènes de fortune, où les corps robustes se tordaient et se battaient sous l’œil attentif de la lune. Chaque combat avait une dimension presque mythique, comme si les lutteurs cherchaient à capturer un peu de cette lumière lunaire dans leurs mouvements. Ces luttes, par leur intensité et leur beauté brute, me rappelaient les scènes décrites dans L’Étranger d’Albert Camus, où la nature et les éléments deviennent des protagonistes à part entière, influençant le cours des événements.

Mais au-delà des combats et des festivités, c’était le calme qui régnait le lendemain que j’aimais le plus. Ce calme, cette sérénité qui s’installait dans le village au petit matin, lorsque le soleil, timide, prenait la place de la lune, semblait annoncer que tout allait bien, que le cycle de la vie suivait son cours sans heurt. Comme dans La Belle Histoire de Leuk-le-Lièvre d’Abdoulaye Sadji, où chaque aventure finit par retrouver un équilibre naturel, nos journées, après ces nuits étoilées, s’écoulaient dans une paix bienveillante.

Le firmament au-dessus de nous, dans sa splendeur, avait ce quelque chose de mystique qui nous rappelait notre petitesse face à l’immensité du cosmos. Les étoiles, telles des perles sur une mer noire, nous murmuraient des secrets anciens, des contes qui avaient traversé le temps et l’espace, comme ceux des Mille et Une Nuits, où les histoires naissent sous la même lumière céleste, transportant les auditeurs dans des royaumes lointains. Ces nuits sous la lune, ces moments de pure contemplation, faisaient écho aux pages de Le Petit Prince d’Antoine de Saint-Exupéry, où la rencontre avec les étoiles et le désert dévoile les vérités simples mais profondes de l’existence.

Le clair de lune à Gandiol n’était pas simplement une lumière dans le ciel. Il était un pont entre le monde visible et invisible, une promesse que, même dans l’obscurité, il y aurait toujours une lumière pour nous guider. Le bon air qui emplissait nos poumons, le calme des lendemains sous les étoiles, la nature dans toute sa splendeur, tout cela formait une symphonie que seules ces nuits pouvaient composer. Comme dans Maimouna de Sadji, où les personnages trouvent dans la nature des réponses à leurs questions intérieures, nous, enfants insouciants, trouvions dans ces nuits étoilées des raisons d’espérer, de croire, et de rêver.

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