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La presse sénégalaise à l’heure du digital : S’adapter ou disparaître

La presse sénégalaise à l’heure du digital : S’adapter ou disparaître

Editorial – La presse sénégalaise se trouve aujourd’hui à la croisée des chemins. Alors que le monde bascule dans une ère dominée par l’intelligence artificielle, le métavers et la digitalisation à tous les niveaux, nos médias semblent encore embourbés dans des pratiques d’un autre temps. Si les journalistes et les patrons de presse ne se réveillent pas rapidement, la presse risque de devenir une institution dépassée, écartée par les nouvelles technologies.

Le problème fondamental est que trop de patrons de presse au Sénégal refusent d’évoluer. Par négligence ou par complaisance, beaucoup d’entre eux pensent pouvoir continuer à gagner de l’argent facilement, sans trop réfléchir ni investir dans leur propre modernisation. Combien de médias ont réellement été mis en place avec des modèles économiques solides, appuyés par des business plans bien travaillés ? Très peu. La majorité des organes de presse reposent encore sur des schémas archaïques, espérant surfer sur leur célébrité d’antan pour rester à flot. Mais ces temps sont révolus.

Aujourd’hui, il ne suffit plus de lancer un journal ou une station de radio et espérer attirer des revenus publicitaires. Le tout-digital impose de nouvelles règles du jeu, avec une concurrence féroce et des outils technologiques de plus en plus performants. Combien de journalistes au Sénégal connaissent l’intelligence artificielle, Good Tape, ChatGPT, ou le métavers ? Très peu sont vraiment formés à ces outils, pourtant essentiels à l’avenir de la profession. Ce qui est encore plus surprenant, c’est que beaucoup préfèrent te parler de “fact-checking” comme s’il s’agissait d’une nouveauté. La vérification de l’information est un élément fondamental du métier de journaliste depuis toujours. Ce n’est pas une innovation. La vraie révolution est dans la capacité à maîtriser et utiliser les nouvelles technologies pour rendre l’information plus accessible, plus rapide et plus précise.

Prenons l’exemple des médias internationaux comme le Washington Post, qui a intégré l’intelligence artificielle pour produire des articles en temps réel, ou encore The Guardian, qui a su diversifier ses sources de revenus grâce à des abonnements numériques et des événements en ligne. Ici, au Sénégal, combien de médias se sont réellement penchés sur de telles innovations ? Combien se sont interrogés sur la manière de monétiser leur contenu en ligne au-delà des simples publicités ? Très peu. La plupart des patrons de presse sont restés figés dans le passé, incapables de s’adapter aux nouvelles réalités.

Pire encore, certains patrons de presse, que l’on croyait visionnaires, se révèlent être de grands analphabètes du 21e siècle. J’ai perdu le compte du nombre de fois où j’ai envoyé un Google Agenda à un directeur pour une réunion, et il ne savait même pas où cliquer pour l’ouvrir. Cette incapacité à maîtriser les outils de base de la technologie actuelle est symptomatique d’un secteur qui refuse d’évoluer. Il est clair que beaucoup d’entre eux pensent qu’ils peuvent se reposer sur leur célébrité acquise dans les années 80 ou 90 pour s’imposer dans un paysage médiatique en pleine transformation. Mais ils risquent de l’apprendre à leurs dépens : le monde de l’information a changé, et les consommateurs, eux, sont de plus en plus exigeants.

Nous sommes à l’ère du “tout digital”. Les jeunes s’informent désormais via YouTube, Instagram, ou TikTok, et les influenceurs captent des audiences bien plus larges que la presse traditionnelle. Ces nouveaux acteurs, dotés d’une compréhension fine des algorithmes et des plateformes sociales, savent comment engager leur audience en temps réel. Pendant ce temps, une grande partie de la presse sénégalaise reste bloquée dans des formats démodés, souvent réticente à embrasser les innovations.

Il est impératif de comprendre que les rediffusions n’ont plus leur place dans un monde où les émissions sont en replay, accessibles à tout moment sur Internet. Les modèles économiques des médias doivent évoluer. Il faut créer du contenu en ligne qui génère de la publicité de manière intelligente, en s’appuyant sur l’analyse des données et en proposant des formats interactifs, des podcasts ou des vidéos sur demande.

La transformation digitale ne concerne pas seulement les outils technologiques, mais aussi les modèles économiques. Pourtant, trop peu de rédactions s’interrogent sur la manière de repenser leur modèle pour intégrer le numérique à tous les niveaux. Trop peu de patrons de presse investissent dans des plans à long terme pour assurer la pérennité de leurs organes. La négligence de ces derniers risque de conduire à une disparition progressive des médias qui refusent de s’adapter.

La solution est simple : s’ouvrir aux nouvelles technologies, former continuellement les équipes, et adopter des pratiques modernes. Il est inacceptable qu’en 2024, des journalistes ne sachent pas encore utiliser des outils aussi basiques que Google Agenda ou d’autres plateformes de gestion numérique. Ces compétences sont indispensables pour suivre le rythme d’un secteur en perpétuelle mutation.

Le message est donc clair : ceux qui refuseront de se former et d’adopter les nouvelles technologies finiront par disparaître. Il ne s’agit plus seulement de suivre le mouvement, mais d’être à l’avant-garde de la transformation. Le monde de l’information évolue, et la presse sénégalaise doit évoluer avec lui, sous peine de se retrouver hors course.

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