Elle est de ces grandes dames que l’on ressent avant même de les connaître. Calme comme l’eau du fleuve Sénégal à l’aube, profonde comme les ruelles de Fès au crépuscule, Madeleine Yatte incarne une Afrique multiple, tissée d’histoires et de croisements. Née à Bobigny, élevée à Tours, enracinée à Dakar, elle porte en elle le souffle tranquille de trois cultures – marocaine, sénégalaise, française – qu’elle habite avec aisance, sans bruit, ni revendication. Fille unique devenue mère de trois enfants, décoratrice d’intérieur devenue actrice de la tech à impact, la directrice de la croissance et des partenariats de GDI est à l’aise dans les espaces élégants comme dans les arcanes du numérique. Chez elle, tout se répond : l’amour du beau, le goût du concret, la quête de sens. Elle parle avec lenteur, agit avec précision et avance avec cette grâce discrète des femmes qui construisent sans faire de vagues, mais qui laissent une trace profonde.
Ce mercredi 15 avril 2025, en la croisant à la 3e édition du Gitex Africa de Marrakech, nous avons été surpris de rencontrer une femme pleine de rêves et de grâce. Sa présence est douce, presque silencieuse, mais elle marque. Toujours élégante, souvent en robe longue, perchée sur des talons fins, celle qui a d’abord fait ses armes à Sénégal Numérique S.A avance avec simplicité, comme les femmes qu’on rencontre dans les rues de Saint-Louis ou dans les souks de Fès. On l’écoute parce qu’elle ne cherche pas à se faire entendre. On la regarde parce qu’elle ne cherche pas à se montrer.
Entre trois mondes, un seul cœur
Madeleine, c’est une histoire d’équilibre. Née en France d’un père sénégalais et d’une mère marocaine, la jeune dame a grandi entre Tours et Dakar, entre le thé à la menthe de Fès et le Yassa fumant de la maison. Elle parle le Français avec aisance, l’Anglais quand il faut faire affaire et glisse quelques mots d’Aarabe lorsqu’elle visite sa grand-mère établie au Royaume chérifien. Elle aime cette diversité, même si parfois, elle se sent « diffuse », comme elle le dit. Une impression que Madame Yatte a transformée en force : celle d’être chez elle partout. Fille unique, elle a grandi aux côtés d’une mère comptable, exigeante et aimante. À l’école, Madeleine était sérieuse, rigoureuse, passionnée par les sciences. Les mathématiques, la physique, la chimie : c’était son terrain. Plus tard, l’ancienne patronne des opérations de GDI qui en devient la Directrice de la croissance et des partenariats choisit naturellement un bac scientifique, avec un focus sur les mathématiques. Elle rêvait un moment de devenir pilote, attirée par les voyages et la promesse d’indépendance avant que le destin n’en décide autrement. À 18 ans, contre le courant des départs post-bac vers l’Europe, Madeleine prend le chemin inverse. Elle s’installe à Dakar, se marie, poursuit ses études au groupe BEM Dakar en Management international avant de faire un Master à distance dans une école ibérico-américaine. En même temps, elle lance un cabinet de décoration d’intérieur.
GDI Advisors, là où tout s’aligne
La décoration pour elle, c’était déjà de la structure, du sens, de la vision. Mais bientôt, c’est la gestion de projets qui l’appelle. Elle se forme, décroche des certifications (PRINCE2, Agile, Scrum), et intègre Sénégal Numérique SA. Là, la Maroco-sénégalaise découvre le terrain, l’importance de l’inclusion digitale et la nécessité de rendre la technologie accessible, concrète et utile. Après un passage en Belgique, elle rejoint GDI Advisors à Dakar où elle inaugure sa carrière comme Directrice des opérations, avant d’évoluer vers un poste plus adapté à sa fibre humaine et stratégique : celui de Directrice de la croissance et des partenariats. Elle structure, négocie, invente en aidant à passer du conseil à l’action avec GDI Solutions, qui développe des produits au service des communautés africaines. « L’innovation doit servir », dit-elle. Et elle le prouve.
Une femme simple, juste et engagée
Madeleine ne revendique pas un féminisme de posture. Elle croit en la justice, au mérite, à l’équité. Elle refuse que l’on donne une place à une femme uniquement parce qu’elle est femme tout en mettant l’accent sur les compétences. Elle avance sans bruit, mais avec fermeté. Au-delà de la professionnelle, il y a la mère. Trois enfants qu’elle élève avec l’aide précieuse de celle qui l’a mise au monde. Une fille de six ans, un garçon de cinq, un petit dernier de trois ans. Et quant Madeleine décrit ses petits anges, la tendre n’est jamais loin : l’une est son double, l’autre son miroir émotionnel, le dernier, un « bout du monde » et le tout reposant sur complicité plus que joyeuse et fusionnelle. On la prend parfois pour leur grande sœur et elle en sourit. Dans ses moments à elle, Madeleine cherche le silence. Le yoga, le golf, les retraites dans les montagnes marocaines ou au bord de la mer. Elle rêve de Marrakech, de Dubaï. Elle aime les lieux où le soleil apaise, où la mer respire. Le calme n’est pas un luxe pour elle : c’est une nécessité, un socle.
L’avenir dans le partage
Et demain ? Elle se voit encore plus engagée, plus enracinée dans l’humain, plus proche des communautés qu’elle souhaite servir. Pas forcément dans une grande entreprise ou un organe international, mais peut-être au sein d’une fondation ou d’un programme à fort ancrage local. Là où l’on peut toucher les gens et pas juste les chiffres. Là où l’on conçoit des réponses simples à des problèmes réels. D’ailleurs, ce qui l’anime, ce n’est pas la reconnaissance publique ni les titres prestigieux, mais l’utilité, le sens, la transformation tangible, explique la jeune maman qui rêve d’initiatives hybrides, entre technologie et solidarité, entre innovation et compassion. Car pour elle, le progrès ne vaut que s’il est inclusif, durable et profondément humain. Elle veut bâtir, avec d’autres, des ponts vers l’autonomie, des espaces où les femmes trouvent leur juste place, où les enfants accèdent à leurs rêves et où les talents africains s’expriment pleinement.