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Le système de la banque est en panne…

Le système de la banque est en panne…

Les témoignages se répètent partout : « Mon virement a mis trois jours », « Le TPE ne marche jamais », « Pourquoi ma banque n’est pas aussi rapide que Wave ou Orange Money ?» Au marché, un commerçant me glisse qu’il préfère être payé via un service mobile plutôt que d’essuyer un refus de carte. Pendant que les fintech déploient des solutions rapides et mobiles, de nombreuses banques s’enlisent dans un fonctionnement dépassé, au grand dam des usagers.

Jusqu’à quand accepterons-nous ces lenteurs, alors que des alternatives plus fluides existent ?

1. La grogne des usagers : une lassitude généralisée

En trois mois, j’ai recueilli un même ras-le-bol :

  • Dépôts de chèque crédités en plusieurs jours,
  • Pannes récurrentes au guichet, obligeant à revenir le lendemain,
  • Paiement par carte impossible dans la plupart des commerces.

Pendant ce temps, le mobile money permet des transferts quasi instantanés, à toute heure. Le décalage est flagrant : l’usager ne comprend plus la lenteur bancaire, et certains s’en détournent, questionnant l’utilité d’un compte traditionnel.

2. Un confort (trompeur) qui freine la modernisation

Beaucoup de banques demeurent rentables, grâce à leurs activités classiques (crédits, dépôts). Elles jugent la monétique peu rentable, pensent que le mobile money ne touche que de « petits montants ». Résultat :

  • Peu d’investissements dans l’infrastructure,
  • Solutions souvent achetées “sur étagère”,
  • Une culture du « ça marche déjà comme ça ».

Pourtant, l’histoire (Lehman Brothers, Credit Suisse, etc.) montre que même les géants peuvent s’effondrer quand la confiance s’évapore et que la concurrence innove plus vite. Le confort d’aujourd’hui peut se transformer en chute brutale demain.

3. Des plaintes révélant une organisation cloisonnée : la loi de Conway en pratique

Les pannes TPE, les virements interminables, les agences fermées en période de fêtes… ne sont pas de simples “bugs”. Selon la loi de Conway, le système reflète l’organisation qui l’a produit. Ici, des silos (monétique d’un côté, crédits de l’autre…), des process manuels, une hiérarchie lourde — tout cela génère :

  • Incident après incident,
  • Lenteur que l’usager ne tolère plus,
  • Dissonance entre l’image d’une banque puissante et la réalité de pannes quotidiennes.

Tant que cette structure ne changera pas, la modernisation restera superficielle, et l’expérience client restera médiocre.

4. La conduite du changement : un virage culturel ardu

Au sein des banques, certaines équipes IT aimeraient adopter des méthodes plus agiles ou revoir l’infrastructure. Elles se heurtent à :

  • Des comités multiples,
  • Une sécurité trop souvent vue comme un prétexte pour refuser toute évolution,
  • Une direction qui se contente du status quo, vu que les revenus “historiques” sont toujours au rendez-vous.

Résultat : peu d’élan transformateur. Or, avec l’essor du mobile money et des fintech, c’est un risque que de rester figé.

5. Un retard technologique aggravé : la dépendance aux “solutions sur étagère”

En plus de la culture, la technologie s’avère désuète :

  • Serveurs anciens, déploiements manuels,
  • Solutions achetées sur étagère, sans personnalisation,
  • Sécurité périmétrique dépassée.

Difficile, dans ces conditions, de garantir la haute disponibilité ou de lancer de nouvelles fonctionnalités en quelques jours. On se contente d’entretenir un système “patché”, pendant que les fintech fonctionnent avec des approches modernes, autorisant des évolutions rapides.

6. Innover malgré tout : le Projet Interop, un électrochoc potentiel

La BCEAO tente de réveiller le secteur via son Projet d’Interopérabilité, qui impose :

  • Des transactions en 30 s max,
  • Une disponibilité quasi continue,
  • Une ouverture plus large aux différents acteurs.

Sur le papier, c’est une formidable chance de moderniser le socle bancaire. Mais si l’on se contente de remplir les exigences minimales, sans revoir l’organisation ni le socle technique, les pannes TPE et les délais resteront monnaie courante — et les usagers continueront de voir dans le mobile money une alternative plus fiable.

Conclusion : un dernier virage avant le grand décrochage ?

Les usagers, fatigués de pannes, comparent la lenteur bancaire à la rapidité du mobile. Et l’histoire montre que les géants (Lehman Brothers, Wells Fargo, Credit Suisse) ont déjà subi des chocs violents faute d’évolution interne. Le Projet d’Interopérabilité pourrait aider, à condition que la banque accepte de se réinventer, et non d’appliquer un simple vernis.

Et maintenant ?

Dans le chapitre suivant, nous explorerons les pistes pour surmonter ce retard — qu’il s’agisse d’une Digital Factory avec un sponsor fort, de la modernisation d’infrastructure ou d’une véritable approche sur mesure, à l’époque de l’Open Banking.

Et vous, chers lecteurs, quelles solutions envisagez-vous pour sortir de cette inertie ? Pensez-vous que nos banques sauront changer à temps, ou laisseront-elles le mobile money leur ravir tout le terrain ? À vous de réagir !

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