Dans le cocon protecteur de Gandiol, là où les vents caressent doucement les dunes et où la terre porte en elle les récits de nos ancêtres, il y avait une femme dont l’âme et le cœur étaient aussi vastes que l’horizon qui s’étendait devant nos yeux. Cette femme, c’était ma mère, Fatimata KA, une force de la nature, une lumière qui ne s’éteindra jamais dans nos cœurs. Comme la terre qui nous porte, elle était une source inépuisable de vie, de courage, et d’amour.
Fatimata, ce nom qui résonne à travers les âges, est aujourd’hui porté par ma fille chérie, comme un écho vivant de celle qui nous a tout donné. Ma mère avait perdu son mari, mon père, très tôt. Pourtant, elle ne s’est jamais laissée abattre par le poids du deuil ou des difficultés. Avec une détermination sans faille, elle a élevé la belle fratrie que nous formions, seule mais jamais sans espoir. Elle cultivait la terre, cette même terre qui nous nourrit et nous soutient encore aujourd’hui, pour nous offrir le pain quotidien. Elle se levait à l’aube, souvent sans avoir pris le temps de s’asseoir à table, simplement pour s’assurer que nous aurions de quoi manger à notre faim.
Ma mère ne connaissait pas les plaisirs futiles de la vie. Son seul plaisir, son unique satisfaction, était de voir ses enfants sourire, de sentir que malgré tout, nous étions heureux. Parfois, épuisé par la distance qui me séparait d’elle lorsque je poursuivais mes études à Saint-Louis, je tentais de trouver des prétextes pour rentrer. J’inventais des histoires, prétendant que le professeur demandait trop d’argent pour les fournitures, espérant secrètement qu’elle me dirait de laisser tomber, de revenir à la maison. Mais Fatimata, malgré son ignorance des détails académiques, trouvait toujours un moyen de m’envoyer cet argent, de me soutenir coûte que coûte, refusant de laisser les obstacles me détourner de mes études.
C’était une femme exceptionnelle, une vraie Peule, avec une chevelure longue et vivante qui était l’empreinte de sa beauté, transmise par sa mère, Dialiya. On disait que les hommes venaient de loin pour contempler Dialiya, telle une statue resplendissante, et ma mère avait hérité de cette même grâce, de cette même présence lumineuse.
Je me souviens d’un jour de décembre où l’on m’a appelé pour m’informer que ma mère était malade. Je me suis précipité à son chevet, et malgré sa fatigue évidente, elle avait trouvé la force de me rassurer, de me dire que tout irait bien. En rentrant à Dakar, je lui avais promis que je reviendrais la voir, mais le destin en a décidé autrement. À l’aube du lendemain, à 5 heures du matin, mon frère Abdou Aziz m’a appelé pour m’annoncer que maman était partie.
Son souvenir me hante, sa figure m’accompagne, et jamais une femme ne m’a autant marqué que Fatimata KA. Elle repose maintenant à Dégou-Niayes, le village de nos grands-parents, où la terre l’a accueillie en son sein, et où elle continue de veiller sur nous, comme elle l’a toujours fait.
En chaque mot que j’écris, en chaque pensée que je formule, il y a un peu d’elle, de sa force, de son amour inconditionnel. Et à travers ma fille, qui porte son nom avec fierté, l’esprit de Fatimata continue de vivre, de briller, de nous inspirer à être meilleurs, à honorer le legs qu’elle nous a laissé. 🌿✨
Bonjour Ousmane,
En lisant cette contribution, je me suis retrouvé à penser que c’était moi-même qui suis entrain d’écrire ce texte tellement il relate ma vie et celle de ma famille à une exception.
Nous avons encore notre chère maman, MBOULÉ KA que Dieu nous la laisse encore des dizaines d’années et en bonne santé.
Depuis 1985, elle n’a ménagé aucun effort pour gérer une fratrie de 4 garçons et 2 filles.
Je ferai 11 ikhlass après la salât Asr pour ta défunte Maman inchallah.
MSOW depuis LinkedIn
Beauvais Hospital
Monsieur Sow, merci infiniment. Ca m’émeut de vous lire. Puisse Allah accorder une longue vie et une santé de fer à notre maman. Merci pour l’attention. Au plaisir de garder le contact.