S’il n’a pas encore soulevé des montagnes – discutable, peut-être ?-, Emmanuel Letouzé a franchi bien des collines, dunes et plaines, à travers cette petite planète. Né en Bretagne, c’est au Vietnam qu’il inaugure sa carrière professionnelle pour le compte de la coopération française. Suède, URSS, Koweït, Dubai, Sénégal, Vietnam, New York, il enchaîne voyages et visites jusqu’à servir aux côtés du Secrétaire général de l’Organisation des Nations-Unies, en qualité de chef économiste dans une équipe charge du Big Data, en 2010. Après une thèse de doctorat à Berkeley (USA) sur les données de téléphonie mobile pour l’analyse de phénomènes démographiques et économiques (en exploitant notamment des données du Groupe Sonatel), il co-fonde avec deux proches à Harvard et au MIT l’ONG Data-Pop Alliance en 2013, désormais présente dans une dizaine de pays dits du Sud, dont le Sénégal.
Issu d’une famille d’instituteurs/trices et de professeur(e)s, l’homme qui s’était déjà posé auparavant en Mauritanie et au Sénégal, a beaucoup été marqué par l’épisode koweïtien. Le 2 août 1990, ce riche pays pétrolier est envahi par l’Irak de Saddam Hussein. Le papa, en poste là-bas, ne peut plus franchir les frontières et reste “otage” de la situation. Emmanuel et le reste de la famille restent alors en banlieue parisienne jusqu’au retour du papa. “Des années très formatrices“, se souvient le Breton, qui dit avoir pu mesurer l’étendue de la pauvreté et des disparités sociales au fil de ses voyages. Cette sensibilité et une appétence pour les mathématiques et la politique font naître chez lui le désir d’utiliser les statistiques et les données pour contribuer à la réduction de la pauvreté et de la violence, et prendre ainsi part au développement humain et aux idéaux démocratiques. Pleinement engagé dans l’élaboration de la stratégie des données du Sénégal, il confie ses rêves pour l’Afrique à l’heure du digital.
