Digne et authentique fils de l’Afrique paysanne – pour faire allusion à Abdoulaye Sadji dans son fameux “Maimouna”, Mbaye Fall Diallo peut être si fier d’un parcours pour le moins exceptionnel. En 2002, le garçon, qui avait quitté quelques années auparavant, son Darou Mousty natal (à quelques kilomètres de Touba, la capitale du mouridisme) pour le Lycée Malick Sall de Louga, décroche un Baccalauréat L2 ,et avec la manière. A la proclamation des résultats, le très studieux jeune homme est récompensé d’une mention “très bien” et s’ouvre les portes de l’Occident. Faute d’avoir pu partir en Amérique, c’est le Pays de Marianne qui l’accueille jusqu’à lui offrir aujourd’hui un poste de Professeur des Universités à l’Université de Lille où où il enseigne la gestion et les statistiques appliquées pendant qu’il enchaine les distinctions à travers le monde.
Si Camara Laye a bien pu chanter son Tindican avec ses miradors et ses oiseaux, Mbaye Fall Diallo peut être fier, lui, de Ngomène. C’est dans ce paisible quartier de Darou Mousty qu’il voit le jour il y a plus de 40 ans. Issu de parents agriculteurs – les champs faisant partie de ses meilleurs souvenirs-, l’enfant peul grandit dans une famille aimante et soudée avec des voisins “modestes, mais très hospitaliers“. Il en était de même pour la fratrie composée de trois garçons et d’autant de filles. Ainé du côté masculin, avec le poids que cela peut représenter en Afrique, ce passionné de foot-ball n’a pas mis beaucoup de temps pour en comprendre les attentes. Le Brevet de fin d’études moyennes en poche, il prend la direction du Lycée Malick Sall de Louga où l’attendait, sans certainement qu’il s’y prépare, un baccalauréat L2 avec la mention “très bien”. Une belle consécration d’autant plus que c’était la première fois qu’un membre de la famille atteignait un tel stade dans les études.
La désillusion américaine et le début d’une nouvelle ère
Sans se douter de rien, Mbaye Fall Diallo obtient donc le fameux et précieux sésame et retourne s’installer tranquillement au village. C’est par hasard qu’un proche l’informe qu’il a droit à une bourse et doit voyager pour poursuivre son cursus. Lorsqu’il se pointe, c’est trop tard. Il ne lui reste que l’option française et l’enfant de Darou Mousty la coche quand-même. En Hexagone, il est accueilli par l’Université d’Aix-Marseille où il décroche plus tard un doctorat en Gestion. Professeur des Universités à l’Université de Lille depuis 2012, le ressortissant de Ngomène reste très humble et même parfois, trop humble, rappelant le Professeur Souleymane Bachir Diagne. Et ça tombe bien, le Saint-Louisien est une de ses références. “C’est l’un des meilleurs scientifiques au niveau mondial et quand vous le rencontrez, c’est quelqu’un des plus humbles“, témoigne-t-il, se félicitant par ailleurs d’avoir partagé toute une journée avec son brillant compatriote, à Montpelier.
Le digital, une opportunité et un piège pour le continent
Mbaye Fall Diallo devait sûrement être excellent en philosophie. Ce qui s’avère d’ailleurs, à réécouter l’interview qu’il nous a accordée. Et nous ne savons pas si bien dire ! Interrogé sur les TIC et l’Afrique, il ne se fait pas prier pour soutenir qu’elles constituent une réelle chance pour l’Afrique tout en attirant l’attention sur la gadgétisation et les risques cyber dans l’air du temps numérique. Président de l’Association « Recherche Marketing sur les Pays d’Afrique”, enseignant-chercheur dans d’autres aires du monde, écouté à l’échelle internationale, membre du Conseil Présidentiel pour l’Afrique mis en place par Emmanuel Macron, plusieurs prix en France et à l’étranger lui étant décernés pour récompenser ses travaux, Professeur Mbaye Fall Diallo n’a pas fini, visiblement, de nous étonner et de forcer notre respect. Le Tech Observateur le croise de nouveau à l’occasion de la cérémonie de dédicaces d’un nouveau livre Consommation, commerce et culture en Afrique qu’il vient de co-écrire avec ses collègues César Dione et Fatou Diop-Sall. Habillé en mode simple, le sourire toujours en bandoulière, les années ont beau passer et nous dépasser, Monsieur Diallo reste le même, toujours avec cet air de l’éternel étudiant.
Je me souviens de la première fois que j’ai rencontré Mbaye Fall Diallo. Il venait tout juste d’arriver en France et son ami Moustapha Diop me l’a présenté. Il a toujours été humble. Il était une référence quand il était étudiant, très sérieux avec les études….avec des résultats exceptionnel. Son directeur thèse fut mon directeur de mémoire de Master 2. Il ne savait pas que je connaissais Mbaye. I’m savait juste qu’on vient du même pays. Il m’avait dit “Mbaye Diallo, tu le connais? Il est en train de faire un travail exceptionnel”. Je ne m’en doutais pas connaissant Mbaye. Il est une fierté et une référence. Bonne continuation mon frère.