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Un rapport historique de l’ONU sur la gouvernance de l’intelligence artificielle : une réponse globale aux défis et opportunités de l’IA

Un rapport historique de l’ONU sur la gouvernance de l’intelligence artificielle : une réponse globale aux défis et opportunités de l’IA

Ce 19 septembre 2024, un rapport de grande envergure intitulé « Governing AI for Humanity » a été publié par l’Organe consultatif de haut niveau du Secrétaire général de l’ONU sur l’intelligence artificielle. Ce document propose une vision révolutionnaire pour la gouvernance mondiale de l’IA, dans un contexte où les avancées technologiques en IA menacent de bouleverser non seulement l’économie mondiale, mais aussi les droits humains et la sécurité internationale.

Un contexte mondial en mutation

L’intelligence artificielle, autrefois domaine exclusif des experts techniques, s’est transformée en une technologie omniprésente qui affecte chaque aspect de la société. De la recherche scientifique à l’industrie en passant par la gouvernance, l’IA est en passe de devenir un moteur fondamental de transformation. Cependant, cette évolution rapide pose des défis majeurs, notamment en matière d’inégalités dans l’accès à la technologie, de concentration du pouvoir et de risques pour la paix et la sécurité mondiales.

Le rapport souligne que, sur les 193 États membres des Nations Unies, seuls sept sont partie prenante des initiatives de gouvernance de l’IA les plus récentes, tandis que 118 pays, principalement du Sud global, sont totalement exclus. Cette absence de cadre mondial pour réguler l’IA reflète une inquiétante fracture entre les pays disposant des ressources nécessaires pour développer l’IA et ceux qui risquent d’être laissés pour compte.

Un plan d’action en quatre volets pour la gouvernance mondiale de l’IA

Le rapport présente une série de recommandations organisées autour de quatre axes : compréhension commune, terrain d’entente, bénéfices communs et efforts cohérents.

  1. Compréhension commune : Le rapport propose la création d’un Panel scientifique international sur l’IA, inspiré de l’expérience du GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat). Ce panel fournirait des connaissances scientifiques impartiales pour aider les États à mieux comprendre les capacités et les risques de l’IA, comblant ainsi les lacunes d’information entre les grands laboratoires d’IA et les autres parties prenantes.
  2. Terrain d’entente : L’établissement d’un dialogue politique sur la gouvernance de l’IA au sein de l’ONU permettrait de réunir les gouvernements et les acteurs de la société civile pour créer des normes de gouvernance harmonisées, ancrées dans les droits de l’homme.
  3. Bénéfices communs : Le rapport recommande la mise en place d’un réseau mondial de développement des capacités en IA et d’un fonds mondial pour l’IA. Ces structures viseraient à garantir que les bénéfices de l’IA soient partagés équitablement, notamment en renforçant les capacités des pays en développement à utiliser et à réguler l’IA.
  4. Efforts cohérents : Pour soutenir ces initiatives, un bureau dédié à l’IA au sein du Secrétariat de l’ONU serait créé pour coordonner la mise en œuvre des propositions du rapport. Ce bureau agirait comme un point focal pour l’intégration des efforts mondiaux en matière de gouvernance de l’IA.

Objectifs et missions du groupe consultatif

Le groupe consultatif de haut niveau du Secrétaire général des Nations Unies sur l’intelligence artificielle a pour mission principale de fournir des recommandations sur la gouvernance mondiale de l’IA, afin de garantir que cette technologie soit utilisée de manière éthique et responsable, tout en tenant compte des droits de l’homme et des objectifs de développement durable (ODD). Ce groupe a été établi pour analyser les implications sociales, économiques et politiques de l’IA, et proposer des cadres pour sa régulation au niveau international.

  1. Gouvernance mondiale de l’IA : Proposer des mesures pour combler les lacunes dans la régulation mondiale de l’IA et encourager la coopération internationale afin de gérer les risques tout en maximisant les bénéfices de l’IA.
  2. Promotion des droits humains : Assurer que les initiatives d’IA soient conformes aux droits humains universels, et que les bénéfices de l’IA soient répartis équitablement à travers le monde.
  3. Facilitation de la coopération mondiale : Encourager les États et les parties prenantes à collaborer sur des initiatives de gouvernance de l’IA, en particulier pour inclure les pays en développement souvent exclus de ces discussions.
  4. Renforcement des capacités : Proposer des mécanismes pour aider les pays qui manquent de ressources à se doter des outils nécessaires pour utiliser et réguler l’IA de manière éthique.

Membres du groupe consultatif

Ce groupe est composé de 39 experts de renom issus de 33 pays. Parmi eux figurent des chercheurs, des professionnels de la technologie, des anthropologues, des spécialistes en droits humains, ainsi que des représentants d’organisations internationales. Voici quelques noms de membres marquants du groupe :

  • Professeur Seydina Ndiaye, enseignant à l’Université Numérique Cheikh Hamidou Kane, est le seul représentant du Sénégal. Il a été interviewé par le Tech Observateur pour partager son expérience et son expertise en matière d’IA.
  • Vint Cerf, pionnier de l’Internet et vice-président de Google.
  • Fei-Fei Li, professeure à l’Université Stanford et experte en intelligence artificielle.
  • Joy Buolamwini, chercheuse au MIT et fondatrice du projet Algorithmic Justice League.

Le professeur Seydina Ndiaye a souligné, lors de son interview avec le Tech Observateur, l’importance de garantir que les pays africains soient impliqués dans les discussions mondiales sur l’IA, notamment en ce qui concerne l’accès aux données et aux ressources technologiques.

Un besoin urgent d’action collective

La nécessité d’une gouvernance mondiale de l’IA est indiscutable. Comme le souligne le rapport, l’IA est une technologie transfrontalière qui nécessite une coopération internationale sans précédent. Sans une gouvernance appropriée, les risques liés à l’IA, tels que la création de désinformation, les violations des droits humains et les impacts environnementaux, pourraient s’aggraver, entraînant des conséquences mondiales.

Cependant, au-delà des risques, l’IA offre également des opportunités uniques pour réaliser les Objectifs de développement durable (ODD). De l’amélioration des soins de santé à l’optimisation des ressources énergétiques, l’IA pourrait être un outil puissant pour relever certains des plus grands défis mondiaux.

Le rapport de l’ONU sur la gouvernance de l’IA constitue une feuille de route ambitieuse et indispensable pour garantir que l’intelligence artificielle soit utilisée au bénéfice de toute l’humanité. Toutefois, pour que ce cadre devienne une réalité, il faudra un engagement collectif et une collaboration internationale soutenue. Le défi est grand, mais il est impératif d’agir maintenant pour éviter que l’IA ne devienne un facteur d’exclusion et de fragmentation.

L’ONU, par ce rapport, appelle à une nouvelle gouvernance mondiale, une sorte de contrat social pour l’IA, qui veillerait à ce que les opportunités soient équitablement réparties et que les risques ne pèsent pas uniquement sur les plus vulnérables. C’est un appel à gouverner l’IA pour l’humanité tout entière

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