De l’éducation à la santé, en passant par l’agriculture, l’élevage, l’administration électronique, les transports, les services, l’univers des start-up a trouvé, au Sénégal, un refuge prospère. A tel point qu’en 2018, les investisseurs y ont injecté 20 millions d’euros, selon les chiffres publiés dans le rapport de Partech Africa. Mais le challenge de la conquête internationale reste entier, et pour le relever, les Pays-Bas ont mis sur la table 1,7 millions d’euros par le biais de l’outil dénommé NFT4. Rencontre avec le coordonnateur Diabel Ndaw à Dakar par Ousmane Gueye
D’un salon à un autre, Diabel Ndaw, l’oreille toujours collée à son téléphone, enchaîne les tribunes pour y défendre les start-up sénégalaises. Enfant du pays, il y fait ses études avant de s’expatrier en France et travailler pour de grandes sociétés comme Neuronnes, spécialisées dans le conseil et les services numériques, et Aéroport de Bordeaux. Il connaît bien la valeur du numérique au Sénégal et l’intérêt qu’il suscite à l’étranger. Depuis novembre 2017, l’ancien responsable du service TIC à l’Agence sénégalaise de promotion des exportations coordonne le projet NTF4, un programme d’appui au développement du secteur des Technologies de l’Information et de la Communication à l’étranger. D’une durée de quatre ans, le NTF4, financé par le ministère des affaires étrangères des Pays Bas, est doté de 1,7 millions d’euros. L’idée est d’assurer un accompagnement aux start-up dans leur développement avec comme focus, le renforcement de leur compétitivité commerciale à l’international.
80 PME et start-up choisies à l’issue d’un processus de sélection
Exécuté par le Centre du Commerce International en collaboration avec l’Organisation des professionnels des TIC et l’Agence sénégalaise de promotion des exportations représentant le ministère du commerce et des PME, le projet accompagne 80 PME et start-up sélectionnées suite à un appel à candidatures lancé au début du projet et largement relayé dans le secteur. Les candidats devaient fournir des informations détaillées sur leur structure, les services et solutions proposées, l’état de leur business (interne et export) et la projection sur les années à venir.
Les bénéficiaires ont été retenus en fonction de leur potentiel à l’export ou de la maturité du projet/de l’idée afin de leur offrir un portefeuille de service adapté. Bien arrimé à la stratégie sénégalaise d’exportation des services informatiques et à la stratégie Sénégal Numérique 2025, le NTF4 appuie les acteurs locaux à deux niveaux. Il s’intéresse aux structures d’appui aux PME et start-up dont l’Organisation des professionnels des TIC et l’Agence sénégalaise pour la promotion des exportations dans le but de les aider à avoir un portefeuille de services en cohérence avec les besoins d’un secteur dynamique et mouvant mais également en collaboration avec les autres partenaires de l’écosystème. Les principales cibles, à savoir les entreprises visées par le projet, sont directement adressées pour renforcer leur compétitivité commerciale et leur assurer une promotion en dehors du Sénégal à l’occasion de rencontres internationales sur le digital où elles obtiennent des stands et prennent la parole, dans les plénières.
Une stratégie bien réfléchie pour garantir leur notoriété
« L’accompagnement de ces jeunes acteurs de l’économie numérique sénégalaise à l’international commence d’abord par l’appui qui leur est donné pour élaborer ou formaliser une stratégie de développement international et se poursuit par la promotion sur les marchés à l’international (annuaires des PME et des start-up avec des données qualifiées pour susciter l’intérêt des partenaires, clients et autres investisseurs), l’organisation de missions B2B à l’étranger avec notamment les missions de prospection dans la sous-région (marché prioritaire et presque naturel pour nos PME), mais aussi la volonté de s’appuyer sur les relais que constituent nos représentations diplomatiques à l’étranger », détaille encore Diabel Ndaw. Et après deux ans de mise en œuvre, il se dit plus que jamais fier après une « évaluation à mi-parcours auprès des bénéficiaires et parties prenantes montrant des réalisations concrètes avec un effet immédiat sur le business des PME les plus importantes ». Mais ce que l’enquête a le plus fait ressortir, c’est « la prise de conscience que les PME et start-up ont compris la nécessité d’élaborer leur stratégie de développement pour se donner toutes les chances d’un développement durable plutôt que la « stratégie opportuniste » du coup par coup », constate-t-il.
Un environnement favorable au secteur numérique
La validation et le lancement de la stratégie d’exportation des services IT actés, l’auditeur qualité certifié ISO 9001-2015 IRCA Lead Auditor est convaincu que l’essentiel a été fait d’autant plus que l’environnement numérique est déjà très favorable. En plus de ce qui a déjà été réalisé en termes de stratégies (promotion à l’étranger et Sénégal Numérique 2025), le Sénégal a mis au point différents projets comme la Délégation à l’Entrepreneuriat Rapide dotée d’un montant de 30 milliards de francs CFA, le Fonds d’investissements stratégiques, le Fonds de garantie des investissements prioritaires, sans compter les autres mécanismes classiques de financement comme les agences et les banques, pour le financement de l’économie, entre autres préoccupations. « La volonté affichée par l’Etat et le rôle moteur qu’il s’attribue avec la mise en place de la Délégation à l’Entrepreneuriat Rapide, le démarrage du Parc des Technologies Numériques avec un financement évalué à plus de 70 millions d’euros, la mise en place du Conseil du Numérique, sont d’autant d’actions sur lesquelles le comité de pilotage va s’appuyer pour gagner le défi de la mise en œuvre de la stratégie dédiée au développement du numérique », se réjouit Monsieur Ndaw. Par ailleurs, en 2018, les levées de fonds chez les start-up ont atteint les 20 millions d’euros selon le rapport du fonds d’investissement Partech Africa où le Sénégal occupe une bonne place en Afrique avec un montant à l’échelle du continent estimé à plus d’un milliard d’euros levé par 146 start-up dans 19 pays.