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Place du numérique dans le futur Gouvernement du Sénégal : Le plaidoyer de Pape Gorgui Touré

Place du numérique dans le futur Gouvernement du Sénégal : Le plaidoyer de Pape Gorgui Touré

Ingénieur en télécommunications, ancien haut responsable au Groupe Sonatel et à l’Union Internationale des Télécommunications, Pape Gorgui Touré se projette sur la formation du futur gouvernement du président Macky Sall. L’expert international et consultant de renom partage avec le Chef de l’Etat du Sénégal ses trois recommandations fortes pour un digital impactant, dans tous les secteurs. Il l’a exprimé dans une contribution que nous simplifions pour les lecteurs du “Tech Observateur”.

Entre le temps où il avait terminé Major du Sénégal au baccalauréat SE de l’année 1974 et aujourd’hui, le monde, avec le numérique au coeur, a beaucoup évolué. Mais quand Pape Gorgui Touré écrit à quelques jours/semaines de la mise en place du prochain gouvernement de Macky Sall, ce n’est pas pour revenir sur son premier poste obtenu à la Société des Télécommunications internationales du SENEGAL, devenue Sonatel. Au contraire, ce grand connaisseur des Technologies de l’Information et de la Communication entend plutôt rappeler leur utilité aux autorités en place. “L’Economie Numérique et les Télécommunications sont aujourd’hui, dans toutes les nations, reconnue comme étant un secteur essentiel”, démarre-t-il ainsi, sa contribution rédigée sous la forme d’une lettre ouverte au Chef de l’Etat.

Le numérique ne saurait être relégué au second plan

Conscient des enjeux autour des TIC pour l’Afrique et le Sénégal, en particulier, le successeur d’Abdoulaye Wade aux commandes de l’Etat, a enchainé les initiatives ces dernières années : Grand Prix du Chef de l’Etat pour l’innovation, Forum du Numérique, rencontres sur la digitalisation de l’Administration, mise en place de la DER/FJ avec un focus sur les start-ups digitales à travers la création d’un Fonds de Soutien à l’Innovation, validation de la Start-up Act, etc. Et s’il a tant dit et fait dans ce secteur, c’est parce qu’à l’heure actuelle, tout plaide pour qu’on se connecte au numérique comme le liste le consultant en télécoms :

  1. Il constitue en lui-même une infrastructure sans laquelle aucun des autres secteurs ne peut prospérer : le Commerce, la Santé, l’Agriculture, l’Education, la Recherche, la Communication, etc
  2. Les évolutions technologiques récentes, associant l’Internet et la Mobilité, structurent déjà et vont continuer à influer sur notre façon de penser les solutions aux défis majeurs auxquels nous sommes confrontés, en particulier la gestion des réseaux (transports routiers, transports urbains, assainissement, traitement des eaux de surface, irrigation, etc …);
  3. Les applications fondées sur le Protocole Internet (IP) ont une partie essentielle de leur gestion sous le contrôle d’acteurs extérieurs (GAFAM). Puisque tout est fait pour qu’elles se substituent aux applications traditionnelles qui étaient totalement sous notre contrôle, ces nouvelles applications constituent une arme pouvant remettre en question la stabilité de nos pays en termes politiques et sociaux.  Tout le monde se souvient qu’une petite panne d’un serveur de WhatsApp situé quelque part dans le Cloud, a privé de communications une large frange de la population mondiale ;
  4. L’utilisation récente du réseau SWIFT et des Satellites à Orbites Basses de Jeff Bezos (un privé) contre la Russie, à tort ou à raison, nous conduit à nous poser beaucoup de questions qu’il n’est pas approprié de détailler ici. La Résolution HR7311 (à chercher dans Google) en cours d’adoption par le Congrès des USA fait froid dans le dos ;
  5. La diversité des applications IP et des services y relatifs a désorganisé les marchés nationaux et internationaux entre opérateurs de réseaux. Les télécommunications sont pourtant un service public dont ces opérateurs partagent la concession. L’Etat reste donc comptable du bon fonctionnement de l’ensemble, en particulier la garantie de tarifs justes via une concurrence loyale, une planification pointue pour le respect et la sauvegarde des équités sociales et territoriales, la surveillance du respect par tous les acteurs des Obligations de Service Universel.

Le Ministère de l’économie numérique doit être davantage valorisé

Le président-Gérant du cabinet TACTIKOM, ancien Chef du Département des Politiques, des Stratégies et du Financement du Bureau de Développement des Télécommunications de l’UIT à Genève et ancien Directeur des Affaires Internationales et de la Coopération pour le compte de Sonatel, à Dakar, appelle à une réévaluation “vers le haut la position du MENT ou de sa nouvelle déclinaison au sein de la hiérarchie gouvernementale”. Aussi, invite-t-il à “faciliter la coordination des actions multiformes de ce département en rassemblant en son sein les fonctions de Planification (actuelle Direction des Télécommunications), de Régulation (actuelle ARTP) et le Fond de Développement du Service Universel des Télécommunications”, “envisager, si ce n’est déjà le cas, une cellule stratégique chargée, en tenant compte des évolutions technologiques, de la prise en compte à bonne date des besoins issus des autres départements ministériels”, conclut Pape Gorgui Touré.

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