Enseignant-chercheur en informatique à l’Ecole supérieure multinationale des télécommunications, Moustapha Der, issu d’une famille modeste, s’est beaucoup battu pour se faire une place honorable dans le monde académique. Aujourd’hui, l’ancien pensionnaire du Lycée Seydina Limamoulaye, formé à l’Institut Supérieur d’Informatique, contribue activement à la vulgarisation du codage. Ses trois volumes consacrés à la programmation ont fait l’objet d’un accueil favorable dans le milieu de l’enseignement.
Toulouse, Casablanca, Dakar … Très jeune, Moustapha DER, peut-être inspiré par Antoine de Saint-Exupéry, l’illustre aviateur auteur du fameux Vol de Nuit, ne rêvait que d’une chose : décoller et poser un avion. Une trentaine d’années plus tard, il n’est pas devenu pilote, mais se réjouit d’avoir énormément voyagé. Le Canada, les Etats-Unis, l’Allemagne, la Suisse ou encore les Émirats arabes unis ne sont plus un mystère pour l’enseignant-chercheur. Et pourtant, rien ne lui était donné au départ. Après une enfance pas vraiment des plus simples à Dakar, Moustapha DER intègre, comme tous ses camarades, l’école de la République. “J’ai eu une enfance avec un bon encadrement. Depuis la classe de 6ème, au collège, mon oncle étudiant, au temps, m’avait inscrit à la bibliothèque du Centre culturel français de Dakar. Chaque semaine, je quittais Guédiawaye pour y aller. Je résumais chaque livre lu pour lui et il m’encourageait à continuer. A part la lecture, j’étais un passionné de football. J’étais un très bon défenseur et milieu défensif. J’étais travailleur et calme à l’école“, se souvient-il.
Le destin chiffré d’un élève modèle
Né d’une mère commerçante et d’un père transporteur, ce natif de Pikine, ayant grandi à Guédiawaye, aimait beaucoup les études, avec un accent particulier pour les chiffres. “J’avais d’excellentes notes dans toutes les matières, en particulier en Mathématiques. J’étais major du BTS en Informatique de Gestion avec des notes 20/20 dans les matières comme Algorithmique / Langage C, Bureautique et pratique des langages“, souligne Monsieur DER, non sans ajouter “qu’un des correcteurs avait dit ne jamais donné 20/20 et qu’il était en avait échangé avec l’autre correcteur qui lui demandait de me donner le maximum 20/20 – puisque ayant très bien fait le travail demandé. C’était à l’Ecole Supérieure Polytechnique de Dakar“, confie Moustapha.
Un goût fou pour la programmation
En choisissant l’informatique, Moustapha DER avait certes de bonnes raisons, mais il était plus entrainé par la passion et singulièrement, ses fantasmes de cinéphile. “Le titre d’ingénieur informaticien m’intéressait dans les films abordant la technologie, la manipulation d’un ordinateur, etc. J’en étais stupéfait. En plus, quand je voyais les ingénieurs des grandes entreprises avec de jolies voitures, des costumes – cravates, ça faisait rêver“, raconte ce ressortissant de la banlieue dakaroise. En mars 2019, il publie Le Guide du Génie logiciel, une immersion en profondeur dans le monde du codage, avec des cours et des exercices corrigés portant sur l’algorithmique, la structure de données ou encore la programmation. Une matière tellement dense et exigeante que l’enseignant à l’Ecole supérieure multinationale des télécommunications scinde ce travail en trois tomes, tous consultables et téléchargeables en ligne. Aussi bien à l’aise sur la conception d’applications web et mobile que les bases de données avancées, Monsieur DER a passé plus de 15 ans dans le monde de l’enseignement, avec une attention particulière pour la programmation.
Des enjeux de taille pour nos pays en voie de développement
Transformation numérique, innovation, entrepreneuriat, autonomisation numérique, les priorités et les opportunités sont infinies quand il s’agit d’aborder l’utilité de la programmation. “Les pays qui investissent dans l’enseignement de la programmation peuvent renforcer leur compétitivité économique en étant à la pointe de l’innovation technologique. Cela peut attirer des investissements étrangers, encourager la croissance des entreprises locales et contribuer au développement économique“, explique-il, persuadé que “la programmation est devenue un pilier central de notre société moderne, touchant de nombreux aspects de nos vies et jouant un rôle crucial dans le développement socio-économique des pays“. Sur le front de la réduction des taux déments de chômage en Afrique, c’est encore plus vrai, insiste Moustapha, d’autant mieux que “la demande de professionnels de la programmation et du développement de logiciels est en constante augmentation“. A ceux qui seraient tentés d’en douter, Monsieur DER rappelle que “les compétences en programmation ouvrent la porte à une variété d’emplois dans des domaines tels que le développement web, la cybersécurité, l’intelligence artificielle, l’Internet des objets (IoT) et bien d’autres“.