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LE PROLONGEMENT PAR CONTINUITÉ DE LA PROBLÉMATIQUE DE L’EMPLOI DES JEUNES À TRAVERS L’ENTREPRENEURIAT NUMÉRIQUE

LE PROLONGEMENT PAR CONTINUITÉ DE LA PROBLÉMATIQUE DE L’EMPLOI DES JEUNES À TRAVERS L’ENTREPRENEURIAT NUMÉRIQUE

Le prolongement par continuité est une technique mathématique, donc un calcul, qui sert à donner de la solution (limite finie) à une problématique (fonction) par le truchement d’une valeur (remarquable) exclue du champ d’application originel (domaine d’existence).

C’est dire, par le titre, que l’entrepreneuriat n’a jamais été une option de base dans le règlement de la problématique de l’emploi des jeunes durant la dernière décennie au Sénégal. Il y est justement intégré par concours de circonstances que le qualificatif rapide précipité dans l’appellation de la DER justifie amplement. Le temps était tel que la grogne des jeunes demandeurs d’emploi était assez pompeuse et le concept d’entreprendre très en vogue, de l’excitation au rendez-vous pour se montrer aux bailleurs.

Et comme par coup de baguette magique, via ce greffage, l’entrepreneuriat est sorti de la terre des politiques publiques, qui semblaient l’ignorer, pour être vendu en équivalence d’un impérieux palliatif capable de désamorcer toute une fougue de jeunesses en soif de s’accomplir, de s’épanouir et à qui le système politique en place, depuis des années, avaient fini par habituer à une certaine routine pour conquérir un emploi. Ainsi l’entrepreneuriat apparaissait en sérieuse piste d’insertion professionnelle, à côté du classique : passer des concours, déposer des candidatures spontanées, suivre des leaders, s’accrocher à des leaders, se faufiler dans les rangs des connaissances, etc. ayant constitué l’espoir d’une écrasante majorité.

Mais en fin…

Le modèle sénégalais de soutien à l’entrepreneuriat est à réinventer.

La problématique de l’emploi et de l’employabilité des jeunes est un sujet très souvent agité et débattu sur les plateaux au Sénégal.

Si la question de l’emploi des jeunes est préoccupante, il ne devrait pas se poser, par contre, une préoccupation afférente à leur employabilité.

En effet, les offres de formation, si elles obéissent réellement à la routine assez exigeante de leur circuit de validation (instance après instance), selon n’importe quels objectifs pédagogiques, l’adéquation ou l’inadéquation entre formations et emplois ne saurait être un objet de débat, encore moins à controverse.

En réalité, lorsqu’un établissement souhaite lancer un parcours de formation diplômante ou certifiante, il est appeler à parapher, dans le document du programme à dispenser, les profils d’entrée (prérequis) et les profils de sortie (débouchés) avec tous les contours substantiels qu’il incombe de tirer au clair.

Les formations académiques ou professionnelles sont, toutes autant qu’elles sont, soumises à cette gymnastique pour être valablement en phase avec les standards quantitatifs et qualitatifs : c’est sans appel. D’autant plus que dans le libellé (document stratégique) de leurs offres, qui sert d’ailleurs de référentiel, il n’est pas uniquement question d’intitulés d’éléments constitutifs d’unités d’enseignement avec des taux horaires ou crédits, mais surtout du réseau de partenaires de l’établissement promoteur, tant dans le déroulement des modules que sur le volet de l’ouverture (stages/rapports, terrains, etc.) et des humanités (compétences transversales ou soft skills).

Il se trouve que parler d’inadéquation entre les formations et les emplois se fait en plate méconnaissance de l’existence du rituel scientifique ci-dessus évoqué et ne repose pas sur une revue documentaire (les écoles ? les formations ? les employeurs ? les métiers ? les emplois ?).

Le sujet mériterait plus d’attention si l’on s’accordait à parler :

– de saturation propre à l’insuffisance de certains emplois par rapport aux sortants des métiers préposés à les occuper ;

– de carence liée à la rareté des métiers (profils) destinés à certains emplois.

Parce qu’au Sénégal, il est malaisé de trouver un emploi pour lequel il n’y a pas une formation au métier afférent et, vice-versa, il sera difficile de pointer une formation pour laquelle l’emploi est inexistant dans le paysage professionnel (formel ou informel).

Quel qu’en soit le cas, il est évident qu’un choix et un soi. C’est-à-dire que ni la saturation ni la rareté ne saurait servir d’arguments à édulcorer les vœux d’un apprenant, tendant à le soustraire de ses précieuses ambitions professionnelles ou orientations métiers, pour satisfaire un objet de débat à controverse.

Les établissements de formation font naturellement du benchmarking, en prélude à l’élaboration de projets pédagogiques, s’auto-évaluent et sont évalués.

Sur ce registre, la bonne nouvelle est que l’Anaq-Sup est bien implantée pour être aux aguets, aux fins d’habilitation institutionnelle, d’accréditation des programmes, et les experts évaluateurs sont issus du monde universitaire et du milieu professionnel afin de faire prévaloir ce mariage évident entre école et emploi. On se forme pour exercer et on s’exerce pour exceller.

Ce préalable à l’emploi est ce réflexe d’ouverture (accessibilité), que toutes les boîtes doivent avoir, à recevoir des visites pédagogiques d’entreprise, des stages d’immersion, à participer à des salons, forums, foires, etc, de manière à permettre aux jeunes de se situer, concrètement, au regard des métiers, bref à répondre à cette symbiose qui doit animer les relations écoles/entreprises pour de vraies.

C’est parfois factoriser les missions à la tenue de séances de cours que de ne pas placarder un aspect laborieux du travail des enseignants et formateurs qu’est la conception (et l’encadrement). Ces derniers, en qualité de concepteurs, constituent un pendant de la sociologie du développement (politiques publiques), de la sociologie des organisations (configuration professionnelle) et de la sociologie du travail (bonnes pratiques). Tous ces intrants pédagogiques participent à l’élaboration des maquettes de formation, avant la dissémination des savoirs et les renouvellements des connaissances afin que les profils d’entrée débouchent à des emplois honorables.

Par ailleurs, une autre réalité, qui anime beaucoup de jeunes, est l’entrepreneuriat. Ce qu’il faut vraiment encourager. Il n’y a pas mieux que de savoir voler de ses propres ailes.

C’est un moyen d’éclore ses idées, de participer librement à l’essor de domaines d’activités stratégiques et d’acter une citoyenneté active voire d’implication dans ce qui nous concerne, c’est-à-dire la bonne marche des affaires de la cité. Que cela part de la valorisation des déchets solides/liquides ou du réseautage des uns avec des autres, pour avoir son lot d’impacts dans le vivre-ensemble, etc.

Seulement, un projet est à la base de toute création d’entreprise, de label percutant, de concept innovant. Des modèles inspirants, défiants et édifiants coulent à flot et des limites à repousser, il n’en manque pas.

Dès lors, la soutenabilité d’une idée d’entreprendre repose, pour être rentable, sur une vision claire et audacieuse, une activité agile et innovante, un portefeuille (relationnel/financier) robuste et durable.

Le modèle sénégalais en soutien à l’entrepreneuriat, le plus répandu, malheureusement ou heureusement, est partagé entre contrainte de l’enveloppe et contrainte de la prédilection.

La pré-définition du budget (enveloppe) à allouer au financement d’entrepreneurs, sans connaissance préalable de la teneur des projets, est subordonnée au champ d’application (prédilection) que les pouvoirs publics se choisissent d’encourager d’une part ou que les entreprises entendent favoriser, d’autre part, dans le cadre de leur responsabilité sociétale et environnementale. Ce qui fait qu’un financement peut échapper à un projet pertinemment innovant, faute d’adéquation entre les orientations thématiques (plan stratégique) du bailleur et l’inventivité, la créativité et l’imagination du porteur.

De plus, il n’est pas étonnant de voir un porteur soumettre son projet à chaque concours de financement, pour espérer une rallonge, étant donné qu’il n’est pas rare de voir des entrepreneurs reposer toute la réussite attendue de leurs initiatives individuelles et collectives sur des financements.

Last but not least, mises à part leur incohérence d’ensemble (confusion, collusion, redondance, etc.), l’obtention d’un financement, auprès de la plupart des structures accompagnatrices (de l’État), est simplement conditionnée par la rédaction d’un document de projet ou même le remplissage d’un formulaire. Ce qui n’est pas forcément suivi d’une séance de pitch pour les projets les moins concrets, ou d’une démonstration pour les projets les plus avancés.

Il n’est pas indiqué de disqualifier un projet sur l’évaluation faite d’un business plan ou business model cavenas, mais financer un projet à partir d’un argumentaire en papier volant ne serait qu’expéditif.

Par dessus tout, ce qui est plus alarmant dans le modèle sénégalais est qu’il n’a pas produit de succès (champion) dont la renommée en ferait un véritable exemple à suivre, à distiller, à enseigner, que d’aucuns pourraient envier au Sénégal.

Heureusement, qu’il n’a pas de nom pour être vendu.

Pour ceux qui s’en rappellent, les appels massifs vers l’entrepreneuriat et la ruée vers, plus pour capter un financement que faire du concret, ont toute l’allure originelle du basculement, progressif pour certains et intégral pour d’autres, vers le système LMD (Licence-Master-Doctorat) dans nos établissements. Si pour le système LMD il s’agissait d’une volonté d’alignement à l’Europe à travers le REESAO, il est bien un rafistolage pour les accompagnements financiers proposés aux jeunes (sans emplois) entrepreneurs.

Pour quel standing ?

Est-ce un modèle d’accompagnement à/dans l’entrepreneuriat adossé à une stratégie globale ?

En tous les cas, les faits portent à croire qu’il est plus un modèle d’assouvissement que d’accomplissement voire d’épanouissement, un modèle de refoulement du trop-plein de demandeurs d’emploi. Dans l’approche sénégalaise, en la matière, il est proche d’une compensation politique/politicienne (assouvissement), à faire face à un pressant engagement juvénile (accomplissement) en quête d’une meilleure réalité économique (épanouissement).

Tel un exutoire, ce modèle d’accompagnement financier est plus parti d’un changement de paradigme, où le jeune n’attendrait plus forcément un emploi de l’État (qui s’en dédouane par l’occasion), mais se lancerait dans la débrouillardise (entrepreneuriat) avec l’appui du capital humain qu’il est censé constituer.

Faire face à un environnement des affaires et à ses réalités les plus imprévisibles.

Cependant, une piste de solution s’offre à nous, par le truchement de la mobilisation des chambres consulaires et établissements de formation autour de ce qu’il conviendrait d’appeler la foire aux innovations, afin de valider les acquis par l’expérience et de valoriser les résultats de recherche et de l’innovation. Ce serait une issue favorable à donner corps ou un caractère opérationnel aux initiatives individuelles et collectives qui naissent des classes, des ateliers, des laboratoires, des bureaux, des magasins, des greniers, des champs, des enclos, etc.

Il faudra qu’on en arrive à ce que les moyens de ceux qui n’ont pas les idées des autres financent les projets de ceux-là qui carburent sans portefeuille conséquent. 

C’est sur cela qu’à reposer les success stories de Google avec Larry Page et Sergey Brin, d’Amazon avec Jeff Bezons, de Facebook avec Mark Zuckerberg, de Apple avec Steve Jobs et Steve Wozniak, Microsoft avec Bill Gates et Paul Allen. En clair, les GAFAM se sont appuyés sur un modèle de financement participatif qui repose sur les amis, la famille, des investisseurs privés et fonds de capital-risque.

À ce titre, chaque porteur devra garder à l’esprit, outre sa vision claire et audacieuse de son élément, qu’à chaque cycle de la vie de son projet qu’il lui faut associer un type d’accompagnement financier à la hauteur de son engagement :

– apport personnel au stade d’idéation (lancement) : par l’appui familial (Jeff Bezons), le prêt amical (Eduardo Saverin au profit de Mark Zuckerberg, Paul Allen en faveur de Bill Gates) ou la réalisation d’économies propres issue de la vente de biens personnels (Steve Jobs et Steve Wozniak) ;

– investissement particulier à la phase de maturation (gestation) : captation d’investisseurs privés qui croient au projet. C’est l’exemple d’Andy Bechtolsheim, un co-fondateur de Sun Microsystems, ayant doté Larry Page & Sergey Brin et de Mark Zuckerberg qui s’est attaché les services de Peter Thiel ;

– fonds de capital-risque au prototypage (aboutissement) : bénéfice d’un investissement soutenu durablement (Mark Zuckerberg et Accel Parteners).

Au demeurant, comme notre sujet est d’aborder une problématique des jeunes, partant de l’expérience du plus jeune des GAFAM, l’itinéraire de Mark Zuckerberg attire l’attention à bien des égards :

– En 2004, Mark Zuckerberg acquiert son premier financement de 1 000 dollars de son ami Eduardo Saverin, pour le lancement du premier site de Facebook à l’échelle de l’Université de Harvard ;

– En 2005, Mark Zuckerberg bénéfice d’un investissement privé de l’entrepreneur en série, Peter Thiel, à hauteur de 500 000 dollars pour étendre Facebook aux autres universités américaines ;

– En 2006, Mark Zuckerberg se pourvoit auprès de Accel Parteners, un fonds de capital-risque,  à 12,7 millions de dollars pour conquérir le monde avec Facebook.

La conclusion est vite tirée : il y va d’une certaine logique de patience à ne pas escamoter les étapes, pour ne trébucher au risque de s’effondrer.

Le modèle américain des GAFAM, qui ne laisse personne indifférente, n’a jamais bénéficié d’un financement du gouvernement américain.

S’il y a à financer, les États-Unis l’accordent à la Recherche et au Développement (R&D) des entreprises en technologies et informatique, mais pas pour pousser un canard à boiteux.

Ainsi, vouloir se lancer dans l’entrepreneuriat, sans trop travailler le côté accompagnement non financier (formation/soft skills, réseautage/maillage, incubation/coaching, etc.) ou se contenter de l’accompagnement financier d’une entité (RSE/entreprise ou politiques publiques/État), c’est courir à sa propre perte. L’entrepreneuriat exige une bonne connaissance de son élément, un sens aigu du relationnel, l’exploration de modèles qui inspirent et un esprit responsable.

Hélas, il nous faut y insister encore plus : à la base, pour entreprendre ou suivre une orientation professionnelle (formation/études), il va falloir une vision clairement audacieuse et être prêt au sacrifice de temps, de biens, etc. Car une vision sans action n’est que rêve et une action sans vision n’est que perte de temps.

Le plus ambitieux projet entrepreneurial réside dans le matching des gens, le bon sens du relationnel, car on y gagne naturellement d’un côté et à chaque fois que les matchés en tirent profit d’un autre.

C’est toujours une vraie aubaine. Regardez bien qui est devenu Mark Zuckerberg de Meta, depuis Facemach. C’est parce qu’il a aspiré à grand-chose (vision claire et audacieuse) qu’il a su inspirer (agilité et innovation).

Papa DIOP

Professeur d’Informatique certifié
Systèmes d’information et bases de données
Audit et Sécurité informatique

Entrepreneur social et du numérique éducatif
Directeur-Fondateur de Success4All Promoting
Concepteur et Formateur Soft Skills

Auteur aux Éditions universitaires européennes (EUE) et aux Presses académiques francophones (PAF)

Mobile : (+221) 77 948 52 29

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