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Le numérique et les enfants sénégalais : entre maturité et émancipation

Le numérique et les enfants sénégalais : entre maturité et émancipation

Professeur, informaticien, Administrateur de l’Espace numérique ouvert (ENO) de Diourbel, Papa Diop nous avait déjà fait le plaisir de partager sa passion du numérique comme vecteur de développement. Ici, l’ancien pensionnaire de l’Université Gaston Berger de Saint-Louis “récidive” avec une nouvelle plongée dans les TIC. Cette fois, ce sont les enfants qui sont à l’honneur dans cette réflexion.

Au Sénégal, l’usager est vu sous l’angle d’une charge fautive à amoindrir à travers un discours facile sur les débordements du web qui lui seraient directement imputables et non sous l’angle d’un client à fidéliser avec des services numériques, défiants et édifiants, qui éloigneraient des dérives tant décriées sur Internet.

Cet entretien du sensationnel, très tendancieux d’ailleurs, nous maintient dans l’agitation de sensibilités religieuses, le creuset des disparités sociales et régionales, l’alimentation de clivages politiques à tel point qu’une cloison de la pensée critique terrorise par-ci et compromet par-là l’économie de l’humain.

Jusqu’à ce que nous ne perdions pas l’essentiel dans nos pouces, il ne suffira pas de ne pas faire ce qui est proscrit, mais de surtout faire ce qui est prescrit.

Internet est virtuel mais une réelle cuisine interne de contenus externes. C’est-à-dire qu’il n’y a pas de contacts au toucher entre êtres humains, mais du vrai relationnel placardé par le convoi massif de données online derrière lesquels il y a des Hommes en chair et en os, des consommateurs la plupart du temps.

L’information, c’est le pouvoir.

Les statuts, stories, vocaux, vues, mentions et commentaires sont des données collectées pour renseigner sur beaucoup de choses. Si pour les géants du numérique (GAFAM : Google, Amazon, Facebook désormais Meta, Apple, Microsoft) ça constitue un gisement d’informations à troquer dans l’industrie publicitaire et les instituts de sondage, ce sont surtout des éléments d’influence sociale, de détection et de prédiction de faits, de profilage, d’analyse comportementaliste ou encore d’indexation doctrinale qui attirent toutes sortes d’organisation (publiques, privées, secrètes et non gouvernementales).

Même les dérives sur Internet sont moulées dans des champs de structures de données destinés à être remplis. C’est comprendre tout l’enjeu de la possibilité donnée à chaque profil connecté de s’exprimer en dehors des tunnels classiques et donc d’ouvrir sa voix au reste du monde telle une foire où l’on escompte l’effet (retour triomphal) de son message (audio, visuel, textuel, audiovisuel).

Le comble de la toile d’araignée est de revêtir l’obsolescence de certains passifs d’un jeu de lumière capable de noircir certains actifs et dépassionner même les initiés. Facilement, les plus petits peuvent passer pour les plus grands et les plus grands pour les plus petits.

Au demeurant, si le gouvernement est démissionnaire, les parents doivent être visionnaires et non flatteurs de leurs enfants “permissionnaires” sur le tas digital.

Quand on s’émerveille de la faculté d’un enfant à décoder le verrou d’un appareil électronique, de son habilité à naviguer en dessins animés sur YouTube, de son aisance à lancer un jeu vidéo pioché dans Store, on passe vraiment à côté de l’essentiel.

Cela s’appelle routine et non intelligence. Car, au même moment, celui-là qu’on serait tenté qualifier de prodige ne sait pas forcément découvrir un site Internet plus sérieux à capter son attention en dehors de sa palette d’actions à la fois usuelles et prioritaires (déverrouillage, Youtube, galerie, jeux vidéo). C’est comme quand un senior sait plus faire avec les réseaux sociaux que les outils collaboratifs qui profitent plus en présentant une panoplie de perspectives.

Enfant ou adulte, cette utilisation d’un gadget électronique n’en fait pas un geek mais plutôt un jouet. Elle en fait plus une cible qu’un acteur, plus un explorateur sédentaire qu’un génie de la créativité nomade. C’est de la technologie de loisirs que des parents concèderont difficilement, pour avoir déjà prêté à leurs enfants une ingéniosité qui ne serait peut-être qu’éclair, volatile.

C’est cette attitude des grands à croire les petits sophistiqués qui en font la galerie qu’on amuse d’ailleurs. Ils contribuent à les exposer en proie à la prédation du capitalisme numérique au moment où il sied de debugger leurs esprits confisqués par des fonctionnalités qu’ils devraient plus savoir implémenter que découvrir.

Par ailleurs, cette mentalité de glorification des adultes pousse encore les enfants à creuser le terreau fertile aux adorations numériques, alors que de l’autre côté de tout-petits évoluent à un niveau de codage avancé, à piloter un drone, à bricoler une création innovante ou à assembler une technologie prometteuse.

Tous les enfants peuvent être imaginatifs, mais c’est la disponibilité des outils qui peut les rendre créatifs car développent véritablement, en eux, des aptitudes boostées par une certaine curiosité. Sauf que la fierté anticipée d’un parent est un facteur de blocage à l’éclosion des idées d’un enfant quand celle-ci lui fait percevoir une prouesse d’un petit tour accompli sur un pavé tactile.

Il ne faut pas que les parents contribuent à ce que la curiosité naturelle des enfants supplante leur curiosité intellectuelle.

Comment peut-on être si ragaillardi de l’exploration qu’un enfant aurait fait d’une “poubelle numérique” en y focalisant sa psychomotricité ?

L’édification d’une société en projet, fondée sur une éducation numérique principielle, exige d’une part du gouvernement qu’il n’accuse pas des gens qui en n’auront appris qu’à leurs dépens, sur initiative personnelle de surcroît, et d’autre part des parents de transformer leur euphorie digitale en une perspective de travail scientifique sur leurs enfants afin qu’ils soient de la galaxie des premiers cités ci-dessous. Il incombe donc d’attirer l’attention puisqu’une société d’information n’est pas un champ de contemplations, mais émerge de clics sur des vertus pour surfer net de manière à ne pas s’abonner, après, aux lamentations.

En vérité, il y a des enfants qui programment, fabriquent, développent et réalisent des trucs incitatifs de manière à camper l’attention d’autres enfants qui, à leur tour, captent la fierté de leurs parents parce que tout simplement ils savent utiliser les produits des premiers. Choisissez les vôtres car il y aura toujours des enfants qui tirent leurs pairs et indentent leurs comportements.

Mark Zuckerberg a imprimé son METAVERSE avec notre “existence” à lui permettre aujourd’hui de nous définir un paradis digital ou un enfer numérique.

À quel taux de confiance contre quel taux de risque ?

La brèche de souveraineté numérique, qui s’ouvre volontiers à nos enfants en soif de devenir des génies de toutes les technologies de pointe, dans le temps et dans l’espace, réside dans leurs codes propres (programmation).

Ce terreau digital est celui qu’il sied de prioriser dans le développement de leur éducation/culture numérique, afin de les positionner à la même sphère de compétences que les autres enfants du monde, car, au-delà des infrastructures, ils n’auront rivalisé que d’éveil des consciences et de facultés mentales.

En définitive, nous proposons aux enfants sénégalais, digitalement émancipés de fait, les ressources suivantes au creuset du savoir :

En attendant qu’ils parviennent à baigner dans une phase de maturation d’idées de projets innovants ou de projets cristallisants et que nos écoles d’ingénieurs arrivent à secréter des profils de sortie capables de mettre sur le marche du hard, des OS, IDE, ERP, CRM, etc.

L’Etat répondra, sans doute, un jour, à leur forte expression de besoins de baccalauréats en Numérique et Science informatique (NSI), à l’ère du temps. Ce sera une excellente réaction à un monde qu’il ne faudrait surtout pas continuer à regarder avec les lunettes du passé.

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