Même si son nom de famille la raprocherait des Chinois ou des Coréens, Emmanuelle Yung-Hing n’a rien à voir physiquement avec l’Asie. C’est plutôt en Martinique qu’elle voit le jour, plus précisément sur la magnifique rive nord de la Baie de Fort-de-France. Près de 26 ans après, la voici au Sénégal, comme envoyée par son illustre compatriote Aimé Césaire sur les terres de celui avec qui il s’est beaucoup et longuement battu au sein du mouvement de la Négritude : Léopold Sédar Senghor. Installée dans le village lébou de Ngor depuis l’année dernière, comme pour ne jamais s’éloigner de “la plus belle île au monde”, cette titulaire d’un Mastère européen en management et stratégie d’entreprise manage une équipe “de choc” composée composée que de dames. Son entreprise, Inov’ Up, revendique un chiffre d’affaire de 100.000 euros non sans compter ses autres initiatives tout aussi prometteuses.
Si dans son coeur, la Martinique le dispute au Sénégal, dans ses gouts, la balance se joue plutôt entre le poulet boucané et le riz au poisson. “Chaque semaine, je mange du thiébou dieune à midi. C’est une nourriture géniale, un chef-d’oeuvre bien sénégalais“, glisse l’ancienne pensionnaire de l’Université Paris Est Créteil, de l’IUT de Sénart-Fontainebleau ou encore de l’UQAM du Cadana. Très jeune, Emmanuelle Yung-Hing a appris à se prendre toute seule en charge ou y a été plutôt contrainte. Issue de parents entrepreneurs – un papa, dans l’automobile, et, une maman dans la couture, la Martiniquaise ne pouvait disposer d’argent de poche que le fruit de son travail. D’ailleurs, c’est dans cette atmosphère, à 14 ans, qu’elle commence à se familiariser avec les pièces d’argent au sein de l’entreprise familiale, en exigeant qu’on offre un salaire de 20 euros. “La valeur de l’argent, on l’a toujours apprise chez nous, chez mes parents et dans ma famille. Très vite, j’ai appris à être autonome et à gagner de l’argent sans demander à qui que se soit“, se souvient celle qui se complait énormément à vivre au Sénégal pour sa stabilité et son climat des affaires.
Une rigueur infernale dans le business
Les éventuels clients, partenaires ou prospects qui l’ont côtoyée l’ont peut-être décelé en elle : la co-fondatrice et CEO d’Inov’Up est inconsolable sur les rendez-vous manqués, surtout quand c’est fait sans aucune raison valable. C’est certainement cette rigueur qui explique la bonne santé de ses projets entrepreneuriaux. Rien que concernant ses activités spécialisées dans l’aide à la croissance des entreprises, Emmanuelle et son équipe “de choc”, un groupe de six filles, revendiquent un chiffre d’affaire de 100.000 euros, sans compter les autres entreprises, Jnov’RH, orientée RH, et Kanimmo, dans laquelle elle est actionnaire. Aussi à l’aise sur la création d’entreprise, la stratégie de développement, la communication, l’intelligence artificielle, la gestion, le droit du travail ou encore la finance, la désormais “citoyenne” de Ngor, également diplômée en comptabilité, entend “innover et accompagner les entrepreneurs à créer de la plus-value responsable et durable, en impactant le monde“.
Au début, des rêves d’astronome et de géographe
A la voir avec ses tenues bien soignées, assorties d’une chevelure naturelle au dessus de son mètre 68, Madame Yung-Hing ressemblerait bien à une avocate fort bien chevronnée. Ce qu’elle a voulu aussi devenir, très jeune, à Fort-de-France, à côté de ses autres rêves d’astronome et de géographe. “J’avais envie de sauver le monde et la planète. Je me suis orientée vers le business entre temps“, précise-t-elle, humblement, comme pour signifier qu’elle sentait bien le poids du destin sur ses frêles épaules d’entrepreneure. Célibataire et sans enfants, la globe-trotteuse, comme elle aime se définir, se dit bien à l’aise au Sénégal où elle compte rester, même si, dans la discussion, le cahier d’un retour au pays natal n’est jamais loin.
