Moscou, Paris, New York, Lausanne, Alger, Rabat, Bamako, Genève … A défaut de s’offrir la vie de pilote d’avion auquel pourtant il prétendait tant, Achime Malick Ndiaye peut, à l’heure où il se prépare à céder son fauteuil, se consoler d’avoir tout de même beaucoup voyagé. De 2004, année marquant son arrivée au Ministère de l’économie numérique, à aujourd’hui, cet expert international des télécommunications s’est employé à impacter le secteur, avec une attention particulière -en plus de sa spécialité première- pour le commerce électronique et l’inclusion financière. Fou de pâtisserie, l’homme qui a partagé des classes avec le président de la République Macky Sall à Kaolack, se dit fier d’avoir occupé les fonctions de Directeur des TIC dont il gardera, sans doute, de merveilleux souvenirs.
Nommé Directeur des TIC au Ministère de l’économie numérique du Sénégal en octobre 2019, Achime Malick Ndiaye va bientôt céder le fauteuil à l’ingénieur en informatique Aïssatou Jeanne NDIAYE. Naturellement, pour avoir passé 18 ans dans ce département au coeur de la politique du secteur, ce fils de Gossas, né d’un père fonctionnaire et d’une mère au foyer, n’est pas prêt d’oublier ce bel épisode de sa carrière. A l’écouter, tout remonte à l’enfance, avec une solide éducation reçue de parents aimants et attentionnés dont une maman pleinement investie dans l’avenir de sa progéniture. « J’ai grandi dans un environnement où il y avait les transmissions radio. Ma mère est ménagère. Même si elle n’a pas fait les bancs, elle était d’une intelligence extraordinaire, avec une ouverture d’esprit qui frisait même quelqu’un qui a fait de hautes études », se souvient-il.
Un beau parcours dans les télécommunications qui démarre par la Russie
Coordonnateur national du Groupe de travail sur le commerce électronique, membre du Focus Group sur les services financiers numériques, ce titulaire d’un Master of Science en Ingénierie des Télécommunications, obtenu en juillet 1993 à l’Institut des Télécommunications de Saint-Pétersbourg de la Russie, a d’abord fait ses études primaires à Gossas, dans la région de Fatick, mais c’est à Kaolack qu’il va inaugurer ses années de Lycée, aux côtés de Macky Sall, devenu le président de la République en 2012. Les deux garçons partagent donc le Lycée Gaston Berger de la ville. Achime en sortira avec un Bac D, mais pour voyager, plus tard. « Après des études en physique jusqu’en 2e année, j’ai eu l’opportunité et l’occasion d’aller en Russie avec une bourse nationale pour faire des études de télécommunications alors que j’avais un choix sur l’orthopédie et l’agronomie. Je tombe sur un institut de transport aérien et de construction de ponts et chaussées pour faire l’année préparatoire et après, je suis affecté à Saint Pétersbourg pour aller dans un autre institut qui est une référence en matière de télécommunication parce que beaucoup de sommités intellectuelles, à commencer par le père de la radio, sont passées par cette école, sans oublier l’ancien Secrétaire général de l’UIT. Ce qui explique mes beaux rapports avec Hamadoun Ibrahim Touré, », confie-t-il.
Une humilité à toute épreuve
Avec de hautes responsabilités au Sénégal et à l’Union Internationale des Télécommunications, à 60 ans tout juste, Achime Malick Ndiaye a encore les pieds sur terre. Questionnez le sur ses notes scolaires, il vous répondra : « Je n’ai jamais été un foudre de guerre en matières de notes ou d’excellence. Mais j’ai toujours été moyen entre les 10 premiers. Sauf quand j’ai eu la chance de me spécialiser et c’est là où ma détermination et ma volonté ont donné des résultats avec une culture générale orientée vers la curiosité intellectuelle. C’est ce qui donne mon gout et ma passion pour le numérique ». Se disant “totalement à la disposition de son pays” à l’heure de la retraite, l’ancien formateur en Application Téléphonique sur Alcatel OCB-283 et E12 et ancien responsable technique de la Panafricaine d’Informatique et de Conseils, en charge des études, du conseil et de la réalisation des installations pour les grands Comptes (BCEAO, SOBOA, ICS et Nestlé Sénégal), estime que la Stratégie Sénégal Numérique 2025 est “un vrai challenge” tout en reconnaissant que “c’est une stratégie extraordinaire, avec des axes très clairs, déclinés sous tous les secteurs et qui demande à être comprise“.
Le Saint-Exupéry manqué songe déjà à l’avenir
S’il ne se cache pas d’avoir “tenté l’aviation civile” et d’être “jusqu’à présent fasciné par l’aéronautique“, Monsieur Ndiaye a envie d’impacter encore sur le continent. “Ma première ambition, c’est de créer un club de pensée sur la 4e révolution industrielle et les aspects territoires. D’ailleurs, c’est un concept que je développe depuis deux ans et que je vais bientôt publier. A Genève, j’allais travailler avec une dame pour qu’on puisse mettre en place ce club de pensée qui va un peu réfléchir sur les questions de développement et d’orientation stratégique. On a toutes les possibilités avec l’IA et l’intelligence augmentée », se projette déjà l’homme qui dit avoir également un intérêt pour l’inclusion financière et le commerce électronique.