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Samba Lô, Directeur général de SOCIUM : « Il y a beaucoup de communication autour des levées de fonds, et ça peut créer un biais. À mon avis, la priorité pour un entrepreneur, c’est son business, ses clients et son produit ».

Samba Lô, Directeur général de SOCIUM : « Il y a beaucoup de communication autour des levées de fonds, et ça peut créer un biais. À mon avis, la priorité pour un entrepreneur, c’est son business, ses clients et son produit ».

Samba Lô, Directeur général de SOCIUM : « Il y a beaucoup de communication autour des levées de fonds, et ça peut créer un biais. À mon avis, la priorité pour un entrepreneur, c’est son business, ses clients et son produit ».

Dans le monde des technologies et des ressources humaines, l’innovation est au cœur des transformations profondes qui réinventent les processus traditionnels. SOCIUM, fondé et dirigé par le Sénégalais Samba Lô, se positionne comme un acteur incontournable dans ce domaine. L’entreprise combine technologie et innovation pour simplifier et optimiser la gestion des talents. Récemment, SOCIUM a réalisé une levée de fonds de 5 millions de dollars, un événement qui reflète la confiance des investisseurs et ouvre de nouvelles perspectives stratégiques. C’est dans ce sillage que le CEO se confie au « Tech Observateur » pour discuter de cette réussite, de sa vision et des ambitions futures.

Le Tech Observateur – Félicitations pour cette levée de fonds de 5 millions de dollars. Pouvez-vous nous expliquer ce qui a convaincu les investisseurs de soutenir SOCIUM ?

Samba Lô – Bonjour Ousmane, merci beaucoup pour cette question. En fait, je vais commencer par résumer ce qu’on fait à SOCIUM. Aujourd’hui, une entreprise, à la fin du mois, doit payer ses salaires. Elle va avoir potentiellement besoin de recruter. Les collaborateurs demandent des congés, sont évalués et ont des documents qui sont gérés en interne. SOCIUM donne le logiciel qui permet de gérer tous ces éléments-là. C’est très important pour la suite. Ce qui fait que, dans la raison pour laquelle les investisseurs ont décidé de nous faire confiance, on va le regarder de deux manières. La première manière, c’est la partie exogène.

Aujourd’hui, on a la chance d’être dans un marché de 8,5 milliards de dollars annuels, en Afrique francophone uniquement. Donc la taille du marché est assez grande et assez profonde. En plus d’être sur un marché profond, ce marché propose un paysage concurrentiel qui est assez faible. Donc quand on regarde aujourd’hui les concurrents de SOCIUM dans la géographie, il n’y en a pas énormément. En tout cas relativement. Par exemple, quand on regarde en Amérique du Nord, en Europe, etc., on se rend compte que la concurrence est beaucoup plus forte que ce qu’on a dans notre région. Donc, sur les facteurs exogènes, le fait d’avoir un marché qui est assez grand et un paysage concurrentiel qui est assez faible, en fait, c’est quelque chose qui attire naturellement les investisseurs.

L’autre point, c’est la partie endogène. On a construit un logiciel très complet qui permet de gérer l’intégralité des processus RH d’une entreprise en moins de 18 mois. En moins de 18 mois, on a été capables de vendre ce logiciel dans 15 pays d’Afrique francophone. Et en moins de 18 mois, on a permis à des entreprises de gérer l’intégralité de leurs processus RH depuis SOCIUM. Donc ça montre aussi une capacité d’exécution qui est assez intéressante de notre équipe en interne. Donc ce qui fait que, quand on mixe les facteurs qui sont externes à SOCIUM, tels que le marché, et aussi notre capacité à exécuter en interne, je pense que c’est quelque chose qui a aussi pu convaincre les investisseurs.

Le Tech Observateur – Quels seront les principaux projets ou axes stratégiques financés grâce à cette levée de fonds ?

Samba Lô – Aujourd’hui, sur cette levée de fonds, en fait, on va investir essentiellement sur deux aspects. Le premier aspect, c’est la partie produit. Donc, globalement, aujourd’hui, l’un des enjeux de SOCIUM, c’est de renforcer son produit et d’être de plus en plus compétitif. Parce qu’en fait, on a un avantage qui est très clair, c’est qu’on est dans des régions avec très peu de concurrence. Mais par contre, ça veut dire qu’il faut qu’on puisse aussi profiter de ce paysage-là pour être beaucoup plus véloce en termes de produit. On sait qu’aujourd’hui, avec l’IA, il y a beaucoup de choses à faire sur la partie RH. On sait qu’aussi, on a besoin de faire des intégrations avec les outils de l’État, etc., pour digitaliser tout ce qui est déclaration sociale ou fiscale. En fait, tout ça mis bout à bout, ça fait qu’aujourd’hui, le produit va être très important.

La deuxième partie, on va dire, c’est une question d’expansion. On est sur un marché qui est on-top, donc la vélocité commerciale, c’est quelque chose de très important. Donc, une partie de cette levée de fonds va être aussi investie sur la partie sales and marketing.

Le Tech Observateur – Quelle est votre vision à long terme pour SOCIUM et comment cette levée de fonds s’inscrit-elle dans cette trajectoire ?

Samba Lô – La vision long terme de SOCIUM, elle est très simple. C’est d’accompagner et de continuer d’accompagner les entreprises dans la gestion de leurs ressources humaines. En fait, on a une conviction qui est très claire et très simple, c’est que la performance d’une entreprise dépend grandement de ses ressources humaines. En fait, c’est les hommes avec un grand H qui font une entreprise. Et donc, plus on est efficace, efficient dans la gestion de leurs ressources humaines, plus on crée de la valeur. Cette levée de fonds s’inscrit fortement dedans parce qu’elle va nous permettre, un, d’améliorer nos produits et, deux, aussi de pouvoir les proposer à un maximum d’entreprises dans la région.

Le Tech Observateur – SOCIUM “réinvente les processus RH grâce à l’innovation”. Pouvez-vous partager un exemple concret de solutions technologiques que vous avez développées ?

Samba Lô – En fait, comment dire, réinventer les processus RH grâce à l’innovation, c’est très simple. Aujourd’hui, si je prends le cas du recrutement, quand je poste une offre, je peux recevoir facilement 2000 CV dans notre géographie. 2000 CV, ça peut paraître anecdotique, mais c’est énorme. Imaginez-vous gérer 2000 CV manuellement, c’est très vite très compliqué. Début 2021, on a développé des algorithmes de scoring de CV basés sur l’intelligence artificielle qui permettent de faire un tri facilité des CV. Donc ça, c’est un exemple concret.

Un autre exemple : aujourd’hui, quand vous êtes directeur d’une entreprise, vous êtes en déplacement, un collaborateur demande des congés, on vous envoie un document que vous devez signer, mais vous n’êtes même pas sur place. Cela crée des frictions et des frustrations. Avec SOCIUM, tous ces processus-là sont gérés de A à Z de manière fluide. Enfin, si vous rentrez dans le bureau d’un DRH, vous serez très surpris par la quantité de documents stockés. Avec SOCIUM, nous numérisons ces données pour une gestion plus efficiente.

Le Tech Observateur – Avez-vous des ambitions d’expansion à l’international ? Si oui, quels marchés ciblez-vous et pourquoi ?

Samba Lô – En fait, aujourd’hui, avec SOCIUM, c’est très simple. On a été international “by design”, entre guillemets. On a lancé le Sénégal et la Côte d’Ivoire quasiment la même semaine ou le même mois. Notre premier client était au Sénégal, le deuxième en Côte d’Ivoire, le troisième au Mali. Maintenant, en plus de ces deux pays, on va se concentrer sur trois autres géographies. La première, c’est le Cameroun, parce que c’est un marché similaire à ce qu’on a au Sénégal et en Côte d’Ivoire. La deuxième, c’est la RDC (Congo-Kinshasa), un marché immense avec une profondeur intéressante. La troisième, c’est le Maroc, qui est le plus grand marché d’Afrique francophone. Ces trois marchés compléteront notre présence en Afrique francophone.

Le Tech Observateur – Comment vos solutions transforment-elles concrètement la gestion des talents, tant pour les entreprises que pour les employés ?

Samba Lô – Aujourd’hui, en fait, sur la gestion des talents, je pense qu’il y a un vrai sujet. Le premier sujet, c’est un sujet organisationnel. En fait, si je me mets dans la peau d’un chef d’entreprise, l’idée, c’est simple. C’est comment je fais pour retransmettre ou retranscrire la vision et l’objectif de l’entreprise au niveau de chaque collaborateur.

Cela passe par des processus internes bien définis et des outils performants. Par exemple, comment identifier un collaborateur performant sur deux ou trois années, comment créer des parcours de carrière pour les talents stratégiques, ou encore cartographier l’ensemble des compétences internes pour développer des plans de formation adaptés. Simplifier la gestion administrative permet aux RH de se concentrer sur l’essentiel : le développement du capital humain.

Le Tech Observateur – Quels sont, selon vous, les défis spécifiques à la gestion des talents en Afrique, et comment SOCIUM y répond-il ?

Samba Lô – En Afrique, un des plus grands défis, c’est l’organisation. Les processus RH sont souvent manuels, ce qui crée des lenteurs et des frustrations. SOCIUM numérise ces processus pour réduire les frictions. Par exemple, le suivi des performances, la gestion des congés ou encore la création de plans de carrière deviennent beaucoup plus fluides et accessibles.

Le Tech Observateur – Quel conseil donneriez-vous aux jeunes entrepreneurs africains qui souhaitent lever des fonds ou innover dans le domaine des technologies ?

Samba Lô – C’est vrai qu’en fait, il y a l’effet de communication qui met beaucoup d’accent sur les levées de fonds. Donc, c’est vrai, c’est réel. Une entreprise peut faire beaucoup de choses, mais le jour où elle va faire une levée de fonds, on va communiquer particulièrement à cette entreprise-là en considérant cela comme un succès. Et ça peut créer un vrai biais, parce que ça peut faire qu’on oublie l’essentiel.

Et je pense que l’essentiel, en tout cas pour un entrepreneur, c’est son business, c’est ses clients, c’est gérer son quotidien, c’est gérer ses collaborateurs. Moi, en tout cas, si je parle de moi, mon ressenti, c’est que la levée de fonds ne doit pas être forcément un focus ou une priorité.

À mon avis, la priorité, c’est ses collaborateurs, ses clients, d’abord, dans ce sens-là, son produit. Moi, c’est ces trois éléments qui vont être prioritaires. Et si ces trois éléments se passent bien, on peut commencer à regarder de quoi a-t-on besoin pour se développer plus vite. Et si dans ce questionnement-là, on se rend compte que la levée de fonds, c’est quelque chose qui va être pertinent, là, je pense qu’à ce moment-là, c’est intéressant d’aller chercher la levée de fonds.

Mais si en étant entrepreneur, on est très vite obnubilé par la levée de fonds, parce que c’est quelque chose qui est très médiatisé, etc., je pense que ça peut nous pousser à ne pas nous concentrer sur l’essentiel.

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