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La gouvernance de l’IA en Afrique : Entre défis et opportunités

La gouvernance de l’IA en Afrique : Entre défis et opportunités

Le Sommet de l’intelligence artificielle vient de baisser ses rideaux à Paris avec des annonces énormes d’investissement. La France, par la voix du président Macron, qui annonce un fonds d’investissement d’environ 109 milliards d’euros faisant suite à celle du président Trump pour 500 milliards de dollars d’investissement sur l’intelligence artificielle. Cela démontre une forte volonté de plusieurs pays développés, notamment ceux de l’Union européenne, de se positionner sur l’échiquier technologique de l’intelligence artificielle.

Avec l’avènement de DeepSeek, le concurrent d’Open AI, repris par plusieurs médias et qui a couté un peu moins de six millions de dollars, une AI open source très performante et moins gourmande en énergie a été développée en un temps record par une entreprise chinoise et qui a fait vaciller les précurseurs comme Google et OpenAI et la Silicon Valley, selon le journal Le Monde.

En marge du sommet de l’IA à Paris s’est tenu un panel organisé par l’Agence française de développement (AFD) portant sur l’action de l’intelligence artificielle, avec la participation de quelques ministres en charge de l’économie numérique du Togo, du Sénégal et du Rwanda sur le positionnement des pays africains et leurs rôles dans cette nouvelle charmille de l’écosystème du numérique.  

Il est important pour le commun des mortels de se poser la simple question à savoir : qu’est-ce que c’est, l’intelligence artificielle ? Tout le monde en parle, à quoi sert l’IA. En définition simple tirée de plusieurs lectures, on peut la définir comme « une imitation des comportements de l’humain par des machines ou ordinateurs programmés à travers des algorithmes et qui exploitent des quantités de données massives sur des données et comportements antérieurs similaires », l’objectif étant de produire des données exploitées à travers des comportements sur un sujet donné.

Pour recueillir des données et des informations antérieures, il faut en disposer avant de pouvoir les stocker. Ainsi, deux défis se posent : notamment la disponibilité et la collecte des données d’une part et d’autre part une infrastructure capable de les garder en permanence ou pendant un temps bien déterminé. 

Si on remonte un peu dans le temps, juste après la seconde guerre mondiale, déjà en 1949 les ordinateurs étaient capables de communiquer, mais les défis majeurs restaient à stocker les données. En 1950, Alan Turing, auteur de L’Enigme de l’intelligence et brillant mathématicien, dans son article intitulé « Computing Machinery and Intelligence », parlait déjà de la possibilité d’avoir des machines intelligentes capables de tester l’intelligence de l’être humain, et, à la suite, les premiers programmes de l’IA ont été présentés dans un projet de la DSPRAI (Dartmouth Summer Research Project on Artificial Intelligence), et depuis, les recherches ont donné naissance au machine learning et au deep learning.

Le Sénégal, à l’instar de plusieurs pays, a rédigé une stratégie nationale sur l’IA qui ambitionne de former 80 000 talents d’ici trois ans. Certes ambitieux, mais elle vise à contribuer à la croissance économique et à la création d’emplois pour la jeunesse sénégalaise.

Pour établir une synergie IA efficace pour l’Afrique, il est indispensable de disposer d’un business model capable de favoriser une croissance rapide et efficace. Pour cela, les pays africains doivent éviter de mettre les charrues avant les bœufs, et éviter le syndrome des réseaux de fibres optiques et de data centers publics construits par des États ou des opérateurs privés sous les mouvances « effet de mode ».

Pour permettre une appropriation de l’IA efficiente, il est de rigueur de mettre en place une gouvernance tropicalisée et une stratégie conforme aux réalités du continent.

Selon le secrétaire exécutif de la Commission économique africaine, à l’horizon 2030, 70 % de la population africaine sera jeune, c’est-à-dire à moins de 35 ans, avec plus de 45 millions de jeunes actifs à la recherche d’emploi annuellement. Les États seront encore plus confrontés aux défis liés à l’emploi avec l’intelligence artificielle.

Comment arriver à relever ces nombreux défis relatifs à une stratégie efficiente de l’IA pour les économies africaines, notamment :

  • La formation des jeunes sur les futurs métiers liés à l’IA et le manque de compétence et relever le niveau des jeunes élèves en mathématiques;
  • La mise en place des centres de compétences et l’octroi de bourses d’excellence.
  • La consolidation des infrastructures de réseaux de télécommunications interconnectées;
  • La sécurité des réseaux et des données ;
  •       La disponibilité de l’eau et des systèmes de refroidissement pour les data centers
  • La disposition des data centers et des supercalculateurs répondant aux normes et réalités du continent.
  • La mise en place d’une stratégie de collecte et de protection des données est la principale activité de production de l’IA.
  • La disponibilité de l’énergie à grande échelle et verte ;
  • La gestion des risques et des catastrophes liées au changement climatique sur les infrastructures réseaux.
  • La création d’un modèle économique rentable pour les data centers.
  • La création de fonds publics nationaux et régionaux pour l’IA.
  • La révision du cadre juridique relatif à la régulation des données et à la conformité réglementaire est en cours.
  • La préservation des utilisateurs contre l’infox, le deepfake, le pishing et les contenus illicites.

Les défis associés à la formation des jeunes, ainsi qu’à la modification du curriculum dans les établissements de formation professionnelle et universitaire.

Bien qu’ils ne soient pas exhaustifs, ces défis font partie des conditions pour instaurer une gouvernance IA adaptée aux réalités africaines, en particulier la connectivité, le faible PNB par habitant dans plusieurs pays et enfin l’analphabétisme numérique.

Une opportunité pour les entreprises

L’intelligence artificielle offre la possibilité de :

  • Analyser et exploiter les mégadonnées et la gestion des bigdata
  • Améliorer l’efficacité organisationnelle, dans les procédés et les processus de production ;
  • faciliter les tâches et simplifier les processus administratifs;
  • Augmenter les gains et la réduction des des coûts  la relation et l’expérience client avec les chatbots ;
  • Produire des documents et support marketing, pitch et prévisions de ventes;
  • Selon une étude de Google, 85 % des entreprises qui ont fait recours à l’IA ont vu leur chiffre d’affaire augmenter de 6%

.Une opportunité pour les gouvernements

  • Une amélioration du service public;
  • La gestion des bases de données de l’identité numérique des populations;
  • Une disponibilité à temps réel des megadonnées;
  • Une gestion efficace et efficiente des connaissances;
  • Un contrôle des flux migratoires au niveau des zones frontaliers avec IA reconnaissance faciale
  • Une lutte contre l’insécurité avec un renforcement de la sécurité publique;
  • La lutte contre les produits illicites et contrefait ;
  • La gestion intelligente de l’énergie grâce aux IoT Interconnectés;
  • Une gestion et une conservation de l’eau avec des capteurs IA pour la conservation et la prévision des fuites d’eau dans les réseaux hydrauliques;

L’adoption de l’IA par les pays Africains avec les défis; les opportunités et les menaces, doit reposer en premier de disposer d’une gouvernance locale et au niveau continental afin d’éviter les erreurs du passé sur le manque d’infrastructure connectés entre les États dans le domaine des télécommunications. Pour répondre aux défis de l’IA; il y’a des préalables à savoir :

  1. Résoudre la problématique de l’énergie
  2. La collecte, la gestion et le stockage des données
  3. La construction d’infrastructure de réseaux de télécommunications (Data centers et supercalculateurs)
  4. La maitrise de l’Eau et des systèmes de drainage des eaux nécessaires pour la gestion des data centers;
  5. L’initiation et la formation de jeunes enfants dans les technologies codage, d’algorithme et des sciences de calculs.

Une bonne gouvernance de l’intelligence doit se faire d’une manière incluse avec les acteurs de l’écosystème afin d’instaurer un cadre et des lignes directrices pour garantir une utilisation de l’IA avec une sécurité garantie car elle repose sur la manipulation des données. Cette gouvernance doit minimiser les risques potentiels et à maximiser les avantages escomptés dans leur implémentation.

Cette gouvernance de l’IA doit reposer sur certains piliers qui sont des fondamentaux de cette gouvernance, que sont :

  • La confidentialité et la sécurité
  • L’équité et l’étique
  • La responsabilité

La gouvernance de l’IA permettra de relever les défis et la gestion des données qui est basée sur les valeurs de la société et la prise en compte des réalités africaines. Cette gouvernance doit créer une culture ou les données qui sont traitées comme un atout et mettre en place une réglementation qui prennent en compte les valeurs des communautés.

[1] https://cloud.google.com/resources/roi-of-generative-ai

Par Dr EL hadji Babacar BA

 Executive Digital Transformation ICT Regulatory Affairs, Telecom Strategy…

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