Par George Asamani, directeur général, Afrique subsaharienne, Project Management Institute (PMI)
L’Afrique continue d’avancer dans sa transformation numérique, en s’appuyant sur les ressources, la créativité et la jeunesse du continent pour stimuler le changement, mais il reste encore beaucoup à faire. Alors que l’ère numérique s’accélère, nous devons saisir cette opportunité pour faire de l’Afrique un acteur incontournable sur la scène mondiale. Si nous n’agissons pas de manière décisive et ne travaillons pas ensemble, nous risquons d’être marginalisés dans l’écosystème numérique mondial.
Lors du récent événement Unstoppable Africa organisé par la Global Africa Business Initiative à New York en marge de la semaine de haut niveau de l’Assemblée générale des Nations unies, j’ai eu le plaisir d’animer une table ronde intitulée « The Panel of the Future: Solutions for Igniting Africa’s Digital Revolution ».
Au cours des débats, d’éminents intervenants – dont S.E. Paula Ingabire, ministre rwandaise des TIC et de l’Innovation ; M. Peter Ndegwa, CEO de Safaricom ; Mme Doreen Bogdan-Martin, secrétaire générale de l’Union internationale des télécommunications (UIT) ; et M. Cheick Camara, vice-président et directeur général de ServiceNow Africa – ont chacun apporté une perspective unique sur la façon dont l’Afrique peut tirer parti de ses atouts pour construire une économie numérique robuste. S.E. Paula Ingabire a souligné l’approche proactive du Rwanda en faveur des technologies émergentes, faisant du pays une plaque tournante de la preuve de concept pour les entreprises innovantes et les startups. M. Peter Ndegwa a souligné que la connectivité doit être un droit fondamental à travers le continent, Safaricom mettant déjà à l’échelle son assemblage de smartphones abordables, tandis que Mme Doreen Bogdan-Martin s’est montrée optimiste quant à la réalisation d’une transformation numérique pertinente en Afrique d’ici 2030. M. Cheick Camara nous a rappelé qu’il est essentiel pour l’Afrique de créer des modèles d’intelligence artificielle. L’IA générera à elle seule 16 000 milliards de dollars dans l’économie mondiale d’ici 2030, un train que l’Afrique ne doit pas rater.
La réalité est que les pays africains sont à un carrefour majeur, confrontés au risque d’être mis à l’écart dans la course numérique mondiale. Alors que les pays du monde entier adoptent rapidement les avancées technologiques, en particulier dans des domaines tels que l’IA, l’apprentissage automatique et l’analyse de données, le continent doit agir rapidement pour éviter d’être marginalisé.
Le rythme de l’innovation et des progrès technologiques est effréné. Chaque jour, de nouveaux développements viennent remodeler les industries et redéfinir notre façon de vivre et de travailler. Depuis la dernière édition d’Unstoppable Africa, l’écosystème technologique a évolué rapidement, soulignant la nécessité cruciale pour les pays africains de suivre le rythme des tendances mondiales.
L’un des avantages les plus notables de l’Afrique réside dans sa jeunesse. Avec plus de 60% des Africains âgés de moins de 25 ans, nous avons la chance d’avoir un groupe démographique à l’aise avec la technologie et désireux d’expérimenter – des qualités essentielles pour stimuler le progrès technologique.
Aux côtés de sa jeunesse, l’Afrique possède une grande variété de cultures. La table ronde a souligné que la promotion d’une culture de la créativité est essentielle pour parvenir à une croissance durable. Cela passe par la création d’un environnement où de nouvelles idées peuvent germer, et où l’échec est considéré comme un tremplin vers le succès plutôt qu’un revers.
Toutefois, afin de tirer pleinement parti de ces atouts, les pays africains doivent accorder la priorité aux investissements dans l’éducation et l’infrastructure technologique. Un système éducatif qui englobe la maîtrise du numérique, la pensée critique et les compétences en gestion de projet est essentiel pour préparer les jeunes à l’économie numérique. Au-delà de la réussite numérique, la gestion de projet donne aux jeunes dirigeants africains les cadres et les compétences nécessaires pour relever des défis complexes dans un écosystème numérique en constante évolution, en mettant sur pied des équipes capables de promouvoir les innovations africaines.
En outre, le renforcement des infrastructures technologiques – telles que l’amélioration de l’accès à l’internet et des services numériques – permettra aux citoyens de participer activement à l’économie numérique. Cette approche est cohérente avec les quatre piliers clés de la révolution numérique en Afrique, à savoir : l’infrastructure numérique et des appareils abordables, l’accès à l’internet et son coût, les compétences et l’éducation numériques et l’innovation numérique.
En donnant aux citoyens les connaissances et l’accès à la technologie, les pays africains peuvent cultiver une main-d’œuvre qualifiée capable de stimuler l’innovation dans divers secteurs, depuis l’agriculture, où les outils numériques optimisent la productivité et la durabilité, jusqu’aux soins de santé, où la télémédecine et les diagnostics basés sur l’IA offrent de nouvelles solutions aux grands défis. La fintech et les énergies renouvelables représentent également des domaines à fort impact où les innovations africaines montrent déjà un potentiel de leadership mondial.
En outre, les idées partagées par nos panélistes ont souligné l’importance de la collaboration entre les différentes parties prenantes, à savoir les gouvernements, les entreprises, la société civile et les partenaires internationaux. Cette approche collaborative est essentielle pour construire un écosystème où les technologies numériques peuvent prospérer, permettant à l’Afrique de contribuer de manière significative aux progrès mondiaux et de s’assurer que le continent devienne un chef de file dans divers domaines de la révolution numérique.
Les politiques gouvernementales fournissent les cadres réglementaires et l’infrastructure nécessaires à la croissance numérique, tandis que les entreprises apportent leur expertise, leurs ressources et leur technologie pour accélérer les progrès technologiques. La gestion de projet est essentielle pour transformer ces idées en réalité. En s’appuyant sur les principes de gestion de projet, les pays et les entreprises du continent peuvent allouer stratégiquement des ressources, rationaliser les efforts et mettre à l’échelle les innovations dans de multiples secteurs. Au-delà de la réussite numérique, la discipline donne aux jeunes leaders africains les compétences et les cadres requis pour relever des défis complexes dans un écosystème numérique en constante évolution, en mettant sur pied une main-d’œuvre prête pour l’avenir. La société civile offre des perspectives critiques sur l’inclusion et l’utilisation éthique de la technologie, tandis que les partenaires internationaux apportent une expérience et des investissements précieux pour soutenir le parcours numérique de l’Afrique.
Cette approche collaborative permet à l’Afrique de ne pas se contenter de « rattraper » le reste du monde. Elle place le continent à l’avant-garde dans des domaines clés de la révolution numérique, depuis la fintech et l’agriculture numérique jusqu’aux technologies de la santé et aux énergies renouvelables. En jouant un rôle de premier plan dans de tels secteurs, le continent peut redéfinir son rôle à l’ère numérique, en mettant en valeur le potentiel de transformation à l’intérieur de ses frontières.
L’heure est venue d’unir nos forces et de soutenir une révolution numérique qui assurera un avenir pérenne et inclusif pour le continent et les générations futures !
