Ça vous est déjà arrivé de consacrer des jours à la préparation et à l’écriture d’un portrait, de creuser dans les parcours, les passions, les inspirations d’un dirigeant, et, au moment de publier, d’apprendre qu’il a changé – ou s’apprête à changer – de poste ? C’est exactement ce qui m’est arrivé avec Serigne Khadim Diop.
Je m’étais plongé dans son histoire, de son enfance aux Parcelles Assainies à Dakar, à sa passion pour l’aviation qui l’a accompagné comme un rêve d’altitude, en passant par son parcours exceptionnel entre le Sénégal et le Canada. Un ancien Directeur national des services financiers et consultatifs à la Banque Royale du Canada à Toronto, devenu un acteur clé de la souveraineté numérique au Sénégal, notamment à la tête de Synapsys Conseil S.A (avril 2023 – juin 2024). À travers ses engagements, il portait une vision forte : celle d’un Sénégal qui s’affirme dans la gestion de ses données, pourquoi pas à travers un cloud souverain africain, et qui ose innover dans l’intelligence artificielle et les solutions biométriques.
Mais voilà, l’actualité a tout stoppé net. Son départ imminent m’a contraint à mettre ce portrait de côté. Pourtant, je ne peux m’empêcher de vouloir partager ici ce texte qui m’a pris plus d’une semaine à écrire. Parce qu’au-delà des postes, il y a les belles histoires, les trajectoires, les sensations, les motivations, et l’inspiration que ces parcours dégagent.
Bonne chance à Serigne Khadim Diop pour la suite de sa carrière, et un grand merci pour avoir montré la voie avec passion et ambition. Et restez connectés : bientôt, j’espère pouvoir vous proposer le portrait de Zack Diop, qui prend désormais les commandes de Synapsys Conseil S.A, un partenaire précieux pour Le Tech Observateur. Une nouvelle page à écrire, mais toujours avec la même volonté de raconter ces histoires qui nous rapprochent de l’innovation.
Une classe de seconde à Dakar, la première à Libreville, la termine, à Rabat et la première année d’université à Nice…Avouez que même s’il n’a pas pu faire carrière dans les avions, Cheikh Khadim Diop s’en est rapproché de très peu. Issu d’une famille de hauts fonctionnaires, l’enfant des Parcelles Assainies tenait coûte que coûte à devenir pilote avant que les attentats du 11 septembre 2001 ne l’en dissuadent définitivement. C’est alors qu’e Cheikh Khadim Diop qu’il se tourne complètement vers la finance, en France d’abord, ensuite, au Canada, où il a géré, pour le compte de la Banque Royale, un portefeuille de plus de 25 millions de dollars. Rentré au bercail au plus fort de la COVID-19, ce titulaire d’un Executive Master en Administration des Affaires dirige aujourd’hui Synapsys Conseil S.A, la filiale de la CDC, qui joue un rôle majeur dans la transformation digitale du Sénégal.
Né d’un père évoluant dans le secteur pétrolier et d’une mère juriste, Cheikh Khadim Diop a baigné dans une belle ambiance familiale à Blaise Diagne, puis, aux Parcelles Assainies où le Dakarois va passer plus de 10 ans de sa vie. C’est précisément à la villa 466 de l’unité 8 qu’il va grandir dans un milieu wolof et islamique, ouvert mais exigeant. “J’ai grandi dans une famille où l’éducation se faisait à l’occidentale. On nous a enfermés, très tôt, dans un carcan où tout doit être correct et précis, dans le respect et la discipline. Il faut par exemple se coucher tôt, regarder le journal à 20h, savoir ce qui se passe dans le pays”, se souvient l’ainé de la famille, côté masculin. Cette ambiance chaleureuse dans cette partie de la banlieue, Khadim Diop ne l’oubliera jamais, même à des milliers de kilomètres de son pays natal. Aux bras d’un couple sillonnant le monde, au grès des affectations professionnelles, Monsieur Diop va poursuivre ses études tour à tour à Gabon, au Maroc et en France où démarre la carrière du financier international qu’il est devenu.
La tentation de pilote dissipée par le 11-Septembre
Venu au monde à l’époque où le jeune énarque Abdou Diouf succédait à Léopold Sédar Senghor à la présidence de la République, Khadim ne sera tout de même pas séduit par l’Ecole Nationale d’Administration. C’est plutôt sur l’espace que vont porter ses rêves de garçon ambitieux. Ah oui, l’ancien pensionnaire de l’Immaculée Conception de Libreville n’avait d’yeux que pour le métier d’aviateur. “A un moment, je voulais devenir pilote de ligne. Et c’est ce que j’ai fait, en fait. Quand j’ai obtenu le bac, je suis allé e suis allé à Sofia Antipolis, à Nice, dans une école américaine où on devait faire la formation théorique, deux ans, pour ensuite s’intéresser à la formation pratique en Floride. Mais tout est tombé à l’eau lorsqu’arrivent les évènements du 11 septembre. Et c’est là que j’ai décidé de me réorienter vers la finance”. se rappelle l’ancien Directeur des investissements de la Caisse des Dépôts et Consignations du Sénégal. Ainsi donc, Cheikh Khadim Diop se détourne de l’espace pour faire carrière dans un autre univers tout aussi passionnant : la finance.
La carrière royale d’un digne fils du Sénégal au Canada
Regardant au dessus de son mètre soixante-dix-huit, ce titulaire d’un Executive Master en Administration des affaires de la Schulich School of Business et de la Kellogg School of Management du Canada, également passé par l’Ecole de Management de Grenoble et l’Université d’Orléans, opte plutôt pour une carrière d’analyste financier qu’il va inaugurer par la chambre de Commerce et d’Industrie du Loiret, en France. Contrairement aux attentats du 11 septembre qui lui ont fait tellement peur qu’il abandonne son rêve de pilote de ligne, la crise des subprimes de 2008, elle, le pousse le propulser au coeur de l’économie internationale. Le natif de janvier débarque au Canada en janvier 2012 pour un poste de Directeur à l’Accord Financial Corp de Montréal. Son passage à la Banque Royale du Canada est l’un des plus marquants du séjour nord-américain de Cheikh Khadim Diop. “J’avais un portefeuille dans le domaine de la finance, de l’assurance, des technologies de l’information et du manufacturing pour les transactions de plus de 25 millions de dollars en structuration financière, concernant tout ce qui était syndication, fusion acquisition, private equity, etc. C’était ça que je gérais au quotidien”, se souvient l’homme aux mille géographies, complètement façonné par “la Suisse de l’Amérique du Nord”, le surnom qu’il donne au Canada. “Moi, j’ai été modelé avant, dans le modèle francophone. En France, on avait tendance à attendre qu’on nous dise quoi faire. Par contre, en Amérique du Nord, et ça a été peut-être un peu conflictuel au début pour moi, j’attendais toujours que mon patron me donne des instructions. Alors qu’eux, dans leur modèle de fonctionnement, ils te laissent faire. Tu fais des activités. Tu fais des erreurs. Ils corrigent. Et quand je l’ai compris, c’est là où j’ai vraiment excellé”, confie Monsieur Diop.
Le Monsieur “Transformation Digital de la CDC” aux commandes de Synapsys Conseil
En plus d’une expertise avérée et d’une expérience enrichissante, Khadim Diop est rentré avec le froid montréalais et le fameux pragmatisme américain au Sénégal. En 2001, la Caisse des Dépôts et Consignations a voulu percer le numérique. Et s’il s’avérait plus simple, en lieu et place de la création d’une nouvelle structure, de racheter un acteur majeur de l’écosystème, déjà fort de 20 ans. C’est ainsi que le choix a été fait sur Synapsys Conseil S.A. A la fin du processus, l’opportunité lui a été donnée de “mettre en place la vision et la stratégie”, et c’est comme ça “que je suis devenu Directeur général de Synapsys”, note Monsieur Diop. Avec pour objectif d’accompagner le secteur public, comme le secteur privé, dans sa transformation digitale, Khadim est convaincu qu’il faut d’abord que “nous soyons en mesure de mettre en place l’infrastructure, former les gens et accompagner sur le plan architectural pour créer ces solutions-là”. A la tête d’une équipe d’une trentaine de personnes, composée d’ingénieurs très expérimentés, qui combinent en tout plus d’une cinquantaine d’années d’expérience, d’experts qui ont travaillé dans la biométrie, aux côtés de l’État du Sénégal depuis une vingtaine d’années, d’ingénieurs de base de données et d’ingénieurs mobiles et front-end”, Monsieur Diop imprime ses marques, après plus d’un an aux commandes de Synapsys.
La biométrie au cœur de l’offre digitale
Avec des solutions d’intégration mises en œuvre avec succès chez des clients de marque comme la CDC, le COUD, la Chambre des Notaires du Sénégal, le Ministère de l’Intérieur, l’IPRES ou encore le Ministère de la santé et de l’action sociale, Synapsys Conseil S.A travaille aussi bien dans l’audit et le conseil que dans l’ingénierie IT, l’infrastructure, Réseau et Sécurité que l’intégration des solutions biométriques. Au coeur des solutions proposées, figure en bonne place le Système de lecture et d’authentification biométrique. SYLAB offre aux institutions utilisant la CNI ou le Passeport comme document d’authentification la capacité de garantir l’authenticité de la pièce et d’authentifier le titulaire de la carte biométrique. Il faut qu’on arrive à accompagner nos sociétés, nos entreprises ou l’État à travers des forces de solutions, des propositions, mais concrètes et avec un plan d’actions réalisable sur un nombre d’années spécifiques”, plaide le Directeur général de Synapsys Conseil S.A, persuadé que le Sénégal doit asseoir une souveraineté sur ses données à travers un Cloud souverain. “Pourquoi pas un cloud souverain africain ? Parce qu’on évolue vite. L’intelligence artificielle a besoin de beaucoup de données et toutes ces données-là ne peuvent pas être mises dans les Datacenters. À un moment, il va falloir innover et utiliser le cloud”, sensibilise l’ancien Directeur national services financiers et consultatifs de la Banque Royale du Canada à Toronto.
