Il y a des jours qui dépassent la simple solennité d’une cérémonie. Des jours où se mêlent émotion, fierté, ambition et engagement collectif. La semaine dernière, le Dakar Institute of Technology a remis plus que des diplômes. Il a posé un acte fort, symbolique, et résolument tourné vers l’avenir. Celui d’une Afrique qui se construit par la compétence, la connaissance et la souveraineté numérique. Une Afrique qui fait écho, par cette graduation, aux grandes orientations de l’État du Sénégal, notamment à travers le New Deal Technologique, la stratégie nationale des données et celle de l’intelligence artificielle.

Le DIT, incubateur de talents et levier stratégique
Fondé en 2019 avec huit étudiants seulement, le DIT est aujourd’hui un établissement pionnier, devenu référence continentale dans l’enseignement supérieur numérique. En six ans, il a su bâtir un écosystème vibrant, avec plus de 300 étudiants issus de 18 nationalités africaines. Une mosaïque de talents, rassemblés autour d’une même vision : transformer le continent par la tech. Son directeur général, Nicolas Poussielgue, l’a rappelé dans un discours empreint d’émotion et de lucidité. Ce jour-là, il ne s’agissait pas seulement de célébrer des réussites individuelles, mais de souligner une dynamique collective. Celle d’une école qui n’apprend pas simplement à coder, mais qui forme à penser, à entreprendre, à s’engager.

Le DIT, en élargissant ses formations (huit à ce jour, dont un nouveau master en finance digitale et une licence en marketing numérique), renforce aussi son alignement avec les priorités nationales. L’école, à travers ses partenariats académiques internationaux, la reconnaissance officielle de ses diplômes par le Ministère de l’Enseignement Supérieur et l’impact déjà mesurable de ses diplômés sur le marché de l’emploi, s’impose comme un levier stratégique au service de la transformation digitale du pays.

Le parrain, Professeur Moussa Lo : une figure de la souveraineté scientifique
Cette année, le choix du parrain n’était pas anodin. Il disait quelque chose de profond sur les passerelles à bâtir entre la science et l’action, entre les universités et les entreprises. Le Professeur Moussa Lo, acteur majeur dans la mise en place et le développement de l’Université numérique Cheikh Hamidou Kane et parrain de cette promotion, est une figure tutélaire du numérique académique africain. Chercheur, bâtisseur, pédagogue, il a œuvré toute sa carrière à élargir l’accès au savoir, à poser des fondations solides pour les générations futures. Sa présence, saluée par toute l’assemblée, témoignait d’une fidélité à l’idée que la souveraineté passe aussi par l’excellence scientifique.
La marraine, Coura Tine Sène : l’impact au féminin
À ses côtés, Coura Tine Sène incarnait une autre forme de réussite : celle du secteur privé, de l’audace entrepreneuriale et de l’impact économique. Directrice régionale de Wave Mobile Money, elle a contribué à faire du mobile money un pilier de l’inclusion financière en Afrique de l’Ouest. Son parcours, entre stratégie d’entreprise, innovation digitale et engagement sociétal, est une source d’inspiration pour toute une génération. Femme de convictions et de pragmatisme, elle représente cette nouvelle élite africaine qui sait conjuguer vision globale et enracinement local.

L’appel à l’audace et à la maîtrise technologique
En croisant ces deux figures, le DIT a envoyé un message clair à ses diplômés : vous n’avez pas à choisir entre la rigueur intellectuelle et l’efficacité terrain. Vous êtes les ponts. Vous êtes les traducteurs de l’avenir. En recevant leurs diplômes – les premiers à être officiellement signés par les autorités sénégalaises –, les étudiants en licence Big Data et en master IA ont aussi reçu un mandat. Celui d’incarner une Afrique qui ne consomme plus simplement la technologie, mais qui la produit, la régule et l’adapte à ses propres besoins.
Le discours de Nicolas Poussielgue a d’ailleurs frappé par sa lucidité. « Ce n’est pas une IA qui vous remplacera, mais quelqu’un qui saura mieux s’en servir », a-t-il affirmé. Une phrase qui résonne comme une alerte douce : pour rester pertinent, il faudra continuer d’apprendre, de s’adapter, d’innover. Car cette fin de cycle n’est qu’un commencement. Le monde attend ces talents. Et le Sénégal compte sur eux pour porter les couleurs de la souveraineté numérique, au cœur de la stratégie nationale.

Une Afrique qui n’attend plus
Cette graduation n’était pas une parenthèse, mais un chapitre. Celui de l’Afrique qui n’attend plus. Qui agit. Qui forme ses enfants à comprendre le monde, à le transformer et à y prendre pleinement part. Les diplômés du DIT ne sortent pas simplement d’une école. Ils entrent dans l’histoire d’un continent qui code désormais son destin.