À Tambacounda, au cœur du quartier Liberté, Diariatou Diaba Dahaba Kaba est aujourd’hui une figure de référence. Cheffe d’agence chez YAS Sénégal, elle incarne une nouvelle génération de femmes leaders du service client, ancrées dans leur territoire et pleinement investies dans leur mission.
Cette native de la région incarne une trajectoire rare, faite de constance, de patience et d’excellence. Celle d’une jeune fille passionnée de sciences, fascinée dès le lycée par les promesses des TIC, au point de suivre avec ferveur les interventions de son professeur de philosophie. « C’est lui qui m’a donné le goût du numérique, sans même s’en rendre compte », dit-elle dans un rire, en repensant à ce tournant décisif de sa Terminale.
Mais bien avant les amphithéâtres de l’ESP ou les missions terrain de YAS, il y a eu l’enfance. Une enfance paisible et précoce, vécue “à l’intérieur même du lycée”, dans un quartier encore enclavé. « À l’époque, autour du lycée, il n’y avait que la forêt, la gendarmerie à 300 mètres, et la Sonatel en face. Nos seuls voisins, c’était la maison du censeur à côté et le gardien de la Sonatel“, se souvient encore celle qui, isolée du tumulte urbain, a grandi dans une bulle faite de jeux complices et d’amitié fidèle : “ La fille du gardien était ma meilleure amie, on était inséparables jusqu’au CM2“, confie Madame Kaba, heureuse d’avoir passé une enfance rythmée marquée par une éducation exigeante. Fille d’un père monogame, musulman pratiquant, censeur puis proviseur du lycée, elle évolue dans un cadre structurant : école coranique les week-ends, priorité aux études, discipline. “Il veillait sur nous comme du lait sur le feu et était mon meilleur ami“, témoigne Diariatou à l’endroit de ce papa qu’elle voulait tellement satisfaire au point de vouloir “devenir pharmacienne“.
Finalement, le destin en décidera autrement. Admise à la fois à la Faculté de pharmacie et à l’ESP, elle choisit un parcours en Télécommunications et Réseaux. Elle obtient un DUT, puis une Licence à l’université Amadou Hampâté Bâ, avant de suspendre son parcours, faute de moyens, pour entrer dans la vie active. Commence alors un long apprentissage du terrain : missions ponctuelles, supervision de campagnes, engagement sans relâche. “Je voulais être productive et me faire un peu d’argent de côté afin de poursuivre mes études. Le marché de l’emploi étant tel qu’il est, j’ai commencé comme superviseur (freelance) agent de terrain“, se souvient-elle.
En 2009, la native de Tambacounda entre chez TIGO, comme on appelait alors l’opérateur de télécommunications. Les débuts sont modestes mais formateurs : supervision, distribution, gestion des stocks. “C’est là que tout a commencé“, dit-elle, avec une émotion dans la voix. Elle gravit les échelons, patiemment, sans raccourci, ni sans piston. En 2014, Diariatou est recrutée en CDI comme conseillère client à la toute nouvelle agence. Quatre ans plus tard, elle prend la tête de l’agence de Tambacounda. Le passage de l’ombre à la lumière. “La seule force du travail et de l’abnégation“, tranche-t-elle. Aujourd’hui, l’ancienne élève du Collège Thierno Souleymane Agne dirige une équipe soudée, fidèle à l’esprit YAS. Une cheffe engagée, présente, déterminée. “Ce qui me motive, c’est d’abord la satisfaction du client, puis l’atteinte des objectifs“, dit-elle avec assurance. Sous sa houlette, l’agence de Tamba rayonne par sa performance, sa fluidité et surtout par cette chaleur humaine qu’on ne retrouve pas toujours dans les standards de relation client.
Femme de terrain, elle continue de guetter les opportunités d’apprendre et d’évoluer. Sur le plan personnel, elle mène une vie de famille qu’elle décrit avec simplicité et humour :” Au début, ce n’était pas trop difficile, car Monsieur vivait en Italie. Et puis je suis dans un ménage polygame, donc j’ai deux jours de libre, lol !“. Aujourd’hui, son époux est maire d’une commune, et installé au Sénégal. Une vie rythmée, mais maîtrisée. Avec trois enfants en bas âge, Madame Kaba peut compter sur sa famille, sa belle-famille, et surtout une aide ménagère qui, dit-elle, ” m’enlève un poids énorme puisqu’elle me permet de ne pas m’oublier et d’avoir un peu de temps pour moi“.
Dans une région souvent reléguée aux marges du numérique, Diariatou défend une vision inclusive, ambitieuse, enracinée. “Tamba, c’est mon identité. Mes études, mon travail, mon mariage, ma famille, tout y est enraciné “, explique celle qui incarne une autre façon de penser l’innovation. Pas comme un mot-clé marketing, mais comme un effort du quotidien. Une capacité à réinventer la relation client, à en faire un lien sincère, humain, durable. Femme de conviction, discrète mais ferme, la Cheffe de l’Agence de Tambacounda s’impose par l’exemple. Dans l’ombre des affiches, loin des salons feutrés de Dakar, Diariatou Dahaba Kaba incarne l’excellence au quotidien, persuadée que “l’innovation ne se résume pas à suivre les tendances ou lancer de nouvelles solutions”. Pour elle, c’est d’abord et avant tout” réinventer chaque jour la relation client pour qu’elle soit plus humaine, sincère et durable“.
