Les rideaux sont tombés sur la 8e édition du Salon international des professionnels de l’économie numérique marquée par un message fort du ministère du Numérique. Entre annonces gouvernementales, débats lucides et participation record, le salon s’impose plus que jamais comme le cœur battant de l’écosystème digital sénégalais.
La salle BC12 du King Fahd Palace était pleine à craquer vendredi après-midi. Des représentants d’entreprises technologiques, des start-up, des chercheurs, des responsables publics, des investisseurs, mais aussi de nombreux jeunes venus s’inspirer. Tous avaient répondu à l’appel d’OPTIC pour assister à la cérémonie de clôture du SIPEN. Pendant deux jours, ce haut lieu du donner et du recevoir a vibré au rythme des débats, des démonstrations et des rencontres autour d’un même fil conducteur : la souveraineté numérique et la place du Sénégal dans le nouvel ordre digital mondial.
Un message fort du ministère du Numérique
C’est dans ce décor bouillonnant d’énergie et d’idées que Roger Thiam, Directeur de l’économie numérique et des partenariats au Ministère de la Communication, des Télécommunications et du Numérique, a pris la parole au nom du Ministre Alioune Sall. D’une voix posée, comme à son habitude, l’ancien DSI de SWEN Capital Partners il a livré un message à la fois ferme et porteur d’espoir, dessinant les contours d’une nouvelle étape dans la stratégie numérique nationale.
Dès les premières minutes de son allocution, il a fait une annonce majeure : « Dès les prochains mois, le gouvernement mettra en place un calendrier consolidé des appels à projets numériques ». Une mesure attendue depuis longtemps par le secteur privé, qui vise à offrir plus de visibilité et de prévisibilité aux entreprises sénégalaises sur les opportunités à venir dans le cadre du New Deal Technologique, ce vaste programme présidentiel destiné à accélérer la transformation digitale du pays. « Les entreprises doivent savoir quand, comment et sur quoi elles peuvent se positionner », a insisté M. Thiam, rappelant que la transparence et la planification sont les conditions d’un écosystème plus efficace et plus inclusif.
Vers un cadre contractuel de souveraineté
Dans la même dynamique, le successeur de Bitilokho Ndiaye a annoncé une refonte du modèle contractuel applicable aux marchés numériques, destinée à instaurer un « cadre contractuel de souveraineté ». Ce nouveau dispositif garantira la réversibilité des solutions, la portabilité des données, la protection des infrastructures critiques et la juste propriété intellectuelle. Autrement dit, il s’agit de bâtir un cadre national robuste, capable de préserver les intérêts du Sénégal tout en stimulant la créativité de ses entreprises. « Les marchés du numérique ne peuvent plus être conçus selon des logiques héritées d’autres secteurs. Il nous faut des procédures plus agiles, plus transparentes, et mieux adaptées à la nature évolutive du digital », a-t-il expliqué.
Roger Thiam n’a pas éludé les difficultés actuelles rencontrées par les entreprises locales, en particulier les PME et les start-up, souvent freinées par des procédures administratives trop lourdes et des conditions d’accès au marché trop rigides. Il a reconnu que « les procédures actuelles sont parfois trop lentes, trop complexes, avec des cahiers des charges trop techniques et des conditions financières trop exigeantes ». Pour y remédier, le Directeur national de l’économie numérique a promis l’ouverture de nouveaux instruments de financement et de garantie, mis en place en partenariat avec les institutions financières publiques et les partenaires techniques. Parmi les pistes évoquées : des mécanismes d’avance et d’affacturage adaptés aux besoins du secteur, afin de soulager les prestataires locaux confrontés à des délais de paiement asphyxiants. « Ces réformes, a-t-il souligné, visent un objectif simple mais essentiel : permettre à ceux qui ont les compétences de participer pleinement à la transformation numérique du pays. »
Un dialogue constructif entre l’État et le secteur privé
Ce discours venait répondre directement aux préoccupations exprimées à l’ouverture du salon par Antoine Ngom, président d’OPTIC, qui avait appelé à une implication plus forte du secteur privé national dans les chantiers du New Deal Technologique. Dès la première journée, Antoine Ngom avait plaidé pour un cadre de commande publique plus transparent et plus inclusif, dénonçant le manque d’accès des PME aux grands marchés et la lenteur de certaines procédures. En réponse, Roger Thiam a reconnu la pertinence de ces observations : « Le gouvernement entend pleinement les messages du secteur privé », a-t-il affirmé, rappelant que « le New Deal technologique n’est pas seulement un programme gouvernemental, mais une alliance nationale entre l’État, les entreprises et les talents ».
Au-delà des annonces, cette 8e édition du SIPEN a confirmé la vitalité du numérique sénégalais. Co-organisé par le ministère du Numérique et l’Organisation des Professionnels des TIC (OPTIC), le salon s’est tenu sous le thème « Maîtriser nos données pour construire un futur numérique souverain et compétitif ». Deux jours durant, le King Fahd Palace s’est transformé en véritable carrefour de la tech africaine : tables rondes, panels, expositions, démonstrations, sessions B2B et pitchs de start-up se sont enchaînés dans une atmosphère d’effervescence et d’innovation.
Une participation record et des engagements clairs
Avec plus de 8.000 participants enregistrés, selon les chiffres communiqués par OPTIC, le SIPEN 2025 signe une participation record, légèrement supérieure à celle de la deuxième édition du Forum Invest Senegal. Un symbole fort de la montée en puissance du secteur numérique sénégalais, porté par une jeunesse créative et par une ambition nationale affirmée.
En clôturant les travaux, Roger Thiam a tenu à saluer la qualité des échanges : « Les débats ont été francs, riches et parfois critiques, mais toujours constructifs. » Il a aussi assuré que les conclusions issues des discussions ne resteront pas lettre morte. « Les conclusions de ces journées ne doivent pas rester sur un papier. Elles seront intégrées aux priorités opérationnelles du ministère et suivies avec exigence », a-t-il promis, sous les applaudissements nourris de la salle.
Crédit Photos : Epsigate Photography