À l’occasion de la Rentrée digitale de Bictorys, tenue ce 30 octobre au Radisson de Dakar, nous avons eu le privilège d’interviewer le CEO Birahim Fall, en marge d’un panel où il a pris part aux côtés de personnalités influentes du secteur. Ce panel rassemblait notamment Aissatou Djiba Diallo, responsable des fintechs au Groupe Ecobank, Modou Sall, ancien haut cadre d’Ecobank Sénégal, et Cheikh Makhfouss Fall, CEO de SnapSwap International, tous réunis pour échanger sur des enjeux cruciaux liés à l’inclusion financière, l’éducation numérique, l’innovation technologique, et les besoins d’investissement.
Dans cette interview, Monsieur Fall nous fait part de sa vision, de son regard sur la régulation des fintechs en Afrique de l’Ouest, le sort à réserver au papier, tout en offrant un éclairage inspirant sur l’avenir de la digitalisation au Sénégal et au-delà. Pour mieux comprendre le parcours de ce leader en fintech, découvrez également son portrait sur Le Tech Observateur : Du désert aux fintechs, le parcours de Birahim Fall, fondateur de Bictorys.
Le Tech Observateur – On vient de conclure la rentrée digitale de Bictorys ici à Dakar. Quels enseignements principaux tirez-vous de cette rencontre ?
Birahim Fall – Une satisfaction d’abord. Nous avons abordé des sujets captivants avec un panel d’experts du secteur, que je remercie chaleureusement. Ensuite, je remarque de nombreuses opportunités au Sénégal. À la fin de l’événement, plusieurs participants m’ont dit qu’ils cherchaient justement des solutions comme les nôtres. Cela montre une réelle synergie et de belles perspectives. Ce n’est que le début, mais j’avais un pressentiment à ce sujet. Actuellement, presque la moitié de nos clients sont de nouveaux acteurs du digital au Sénégal, un pays qui porte une dynamique de digitalisation, comme le soulignait Mme Ndjiba, et qui devient un hub technologique.
Le Tech Observateur – Lors de votre intervention, vous avez plaidé en faveur d’une impulsion de l’État vers la digitalisation, en prenant pour exemple Dubaï et son modèle “sans papier”. Comment une telle démarche pourrait-elle se concrétiser au Sénégal ?
Birahim Fall – C’est très pertinent. De mémoire, en 2017, le dirigeant de Dubaï a annoncé la fin du papier dans l’administration, et aujourd’hui cela fonctionne parfaitement. Nous pourrions faire de même au Sénégal, d’autant plus que nous disposons de cartes d’identité digitalisées regroupant toutes les informations nécessaires. Cela permettrait d’éviter des demandes répétitives de documents comme l’extrait de naissance ou le casier judiciaire, car l’État détient déjà ces données. Avec une identité numérique, tout pourrait se simplifier et minimiser le recours au papier. Pour les paiements, on pourrait également passer à des modes entièrement digitaux, créant ainsi de nouveaux marchés et de l’emploi, tout en favorisant une meilleure éducation numérique.
Le Tech Observateur – En parlant d’éducation numérique et financière, quels axes de développement voyez-vous comme prioritaires ?
Birahim Fall – Il est crucial d’abord de former les marchands, en particulier dans le secteur informel. Certains pensent encore que c’est au client de payer les frais de transaction, alors que, dans la plupart des pays, ce coût est pris en charge par le marchand, qui bénéficie en retour de nombreux avantages : la digitalisation de la comptabilité, la génération automatique de factures, etc. C’est même souvent moins coûteux que le cash. Il faut donc informer les marchands de ces bénéfices et aussi sensibiliser leurs clients, qui pourront les encourager à accepter les paiements numériques. C’est ce qu’ont accompli les services de mobile money en s’implantant d’abord auprès des clients, ce qui a amené les marchands à les adopter. De notre côté, nous devons aussi rendre nos applications toujours plus simples et intuitives pour favoriser cette adoption.
Le Tech Observateur – Le secteur de la FinTech se développe fortement au Sénégal, mais des obstacles réglementaires subsistent. Comment pourrait-on trouver un juste équilibre entre régulation et innovation ?
Birahim Fall – C’est une question délicate. Souvent, on remarque que les Américains innovent, tandis que les Européens régulent. Cette prudence est importante, mais il faut éviter de freiner les FinTech par excès de régulation. Par exemple, la BCEAO a un projet de paiement instantané très prometteur, mais il manque de visibilité quant à sa mise en œuvre, ce qui crée une incertitude pour nous. Lorsqu’on légifère, il est essentiel de prendre en compte toutes les catégories de startups, des plus solides aux plus jeunes, et de ne pas alourdir davantage leurs défis actuels.
Le Tech Observateur – Pour conclure, où aimeriez-vous voir Bictorys dans dix ans ?
Birahim Fall – Inch’Allah, nous avons de grandes ambitions. Nous souhaitons aller loin, très loin, avec notre solide équipe et un produit performant. Nous visons une expansion internationale en commençant par l’UEMOA, puis en nous déployant dans d’autres pays africains. Ensuite, nous souhaitons explorer des marchés qui nous ressemblent culturellement, comme l’Inde, où j’ai pu observer des similitudes frappantes : la cuisine épicée, l’amour pour le riz, et un engouement pour les paiements instantanés. C’est un marché favorable pour nous, et nous envisageons un avenir prometteur pour Bictorys.
VOICI L’ALBUM DE LA RENTRÉE DIGITALE DE BICTORYS







