En remportant le premier prix du Challenge Innovation by YAS Sénégal, Studio Asaman a marqué les esprits avec un projet aussi audacieux qu’inspirant. Portée par un regard neuf et une ambition assumée de changer la façon dont les jeunes Africains apprennent et interagissent avec leur culture, la startup fondée par Abdoulaye Bocar Dieng est aujourd’hui sous les projecteurs. Ingénieur de formation, passionné de modélisation 3D, passé par Sonatel, Edisoft et une aventure française dans les serious games, le fondateur de Studio Asaman s’est confié à Le Tech Observateur.
Le Tech Observateur : Qui est Abdoulaye Bocar Dieng et quel a été votre parcours avant de fonder Studio Asaman ?
Abdoulaye Bocar Dieng : Je suis un jeune Sénégalais, titulaire d’un Master en sécurité des systèmes d’information obtenu à l’Université Cheikh Anta Diop. Après mes études, j’ai commencé ma carrière chez Sonatel en tant qu’analyste réseau, où je suivais les tableaux de bord des indicateurs CAPEX et OPEX. Ensuite, j’ai rejoint Edisoft, une société d’ingénierie logicielle qui a développé le premier logiciel d’état civil au Sénégal, Hera. Mon rôle consistait à former les agents et officiers d’état civil à son utilisation. Ce travail m’a permis de parcourir les 14 régions du pays, une expérience extrêmement enrichissante. C’est aussi là que j’ai développé mon amour pour la formation et la transmission de savoirs, en utilisant le numérique comme outil.
Le Tech Observateur : Comment êtes-vous tombé dans l’univers du jeu vidéo ?
Abdoulaye Bocar Dieng : En parallèle de ma formation en ingénierie logicielle, j’ai toujours été passionné par les arts graphiques, notamment la modélisation et l’animation 3D. Un jour, j’ai publié un projet personnel sur les réseaux sociaux. Ce projet a été repéré par KTM Advance, une structure française spécialisée dans les serious games. J’ai commencé à collaborer avec eux et ça a été une école exceptionnelle. J’y ai découvert l’impact du jeu sérieux dans le renforcement des compétences et des capacités. Après huit années dans cet univers, j’ai voulu mettre cette technologie au service de notre écosystème, et surtout des jeunes. C’est ainsi qu’est né Studio Asaman.
Le Tech Observateur : Quel est le projet qui vous a permis de remporter le premier prix de l’Innovation Challenge ? D’où est venue l’idée ?
Abdoulaye Bocar Dieng : Le projet s’appelle Carou Xam Xam. L’idée est née d’un constat simple : pour beaucoup d’enfants, apprendre est devenu une corvée. On s’est demandé comment rendre l’apprentissage plus agréable et engageant. On a donc conçu un livre interactif, connecté à une série animée et à un jeu vidéo. Il raconte les aventures d’un petit car rapide qui fait le tour de l’Afrique pour faire découvrir aux enfants le patrimoine historique et culturel du continent. L’objectif, c’est d’offrir aux jeunes des formats d’apprentissage nouveaux, ludiques, adaptés à leur réalité.
Le Tech Observateur : Comment as-tu vécu l’expérience de l’Innovation Challenge avec YAS Sénégal ?
Abdoulaye Bocar Dieng : C’était une expérience extraordinaire. On a rencontré des entrepreneurs brillants, déterminés à faire bouger les lignes dans leurs domaines respectifs. On a aussi été très impressionnés par le professionnalisme de l’équipe de YAS Sénégal, toujours à l’écoute. Je tiens à remercier particulièrement le directeur général, M. Kamal, pour sa vision et sa simplicité. En quelques minutes de discussion avec lui, on voit les choses autrement. Ce genre d’initiative permet à des entrepreneurs de l’ombre, comme nous, de montrer ce que nous faisons et comment nous contribuons à transformer nos sociétés.
Le Tech Observateur : Quels sont vos rêves et ambitions pour les mois à venir ?
Abdoulaye Bocar Dieng : Notre rêve est clair : redonner aux enfants africains l’amour de l’apprentissage et de l’éducation, en leur proposant des formats dans lesquels ils se reconnaissent, qu’ils trouvent attrayants et valorisants. Nous comptons utiliser l’accompagnement de YAS Sénégal pour renforcer notre équipe, produire plus de contenus, nouer des partenariats, et surtout, rendre ces contenus accessibles jusque dans les zones les plus reculées du pays.
Le Tech Observateur : Quel message souhaitez-vous adresser aux autres jeunes qui veulent se lancer dans l’innovation ?
Abdoulaye Bocar Dieng : Le conseil que je peux leur donner, c’est de ne pas hésiter. Il faut oser. Le projet récompensé aujourd’hui est né entre quatre murs, avec presque rien. C’était juste une petite idée. Mais à force d’y croire et de travailler, c’est devenu quelque chose de grand. Alors, peu importe la taille de votre idée, croyez-y et lancez-vous. C’est le message que je souhaite partager.
Magnifique !