Placée sous le thème « Maîtriser nos données pour construire un futur numérique souverain et compétitif », la huitième édition du Salon International des Professionnels de l’Économie Numérique (SIPEN) a marqué un tournant décisif dans la structuration de la réflexion nationale autour de la donnée.
Pour la première fois coorganisé par le Ministère du Numérique et OPTIC, l’événement a réuni chercheurs, entrepreneurs et décideurs publics autour d’un même objectif : bâtir une souveraineté numérique fondée sur la connaissance et l’innovation.
Au cœur de ce dispositif, le comité scientifique, présidé par Tidiane Sarr, a joué un rôle clé dans la sélection, l’organisation et la rigueur des contributions. Dans cet entretien exclusif, le vice-président de l’Organisation des professionnels des TIC du Sénégal revient pour Le Tech Observateur sur les enseignements, la méthodologie et les perspectives de ce SIPEN 2025 qui consacre la maturité intellectuelle du numérique sénégalais.
Le Tech Observateur : Avec le recul, quel regard portes-tu sur la qualité scientifique du SIPEN 2025 ? Est-ce que les objectifs fixés ont été atteints selon toi ?
Tidiane Sarr : Le SIPEN 2025 a vraiment franchi un pas, un palier sur le plan scientifique. Nous avons réussi à structurer les débats autour d’axes clairs et cohérents. Et on a surtout voulu le mettre en lien direct avec le New Deal technologique.
Les échanges ont été de très haut niveau, vraiment, et surtout orientés vers des solutions concrètes. Je pense que le SIPEN devient désormais un véritable laboratoire d’idées pour le numérique sénégalais et africain.
Le Tech Observateur : Comment avez-vous assuré la sélection et la rigueur scientifique des contributions ? Quels critères ont fait la différence ?
Tidiane Sarr : Oui, on a essayé de procéder à une démarche scientifique. D’abord, c’est un comité scientifique qui a mené toute cette démarche.
Chaque thématique a été évaluée sur trois critères, autour bien sûr de la maîtrise de la donnée.
Le premier, c’est la pertinence stratégique du sujet. Ensuite, les éléments techniques susceptibles d’en découler, en termes de propositions concrètes.
Enfin, la capacité à proposer des solutions opérationnelles.
L’idée, c’était de privilégier la qualité du contenu plutôt que la notoriété, pour faire du SIPEN un véritable espace d’échange utile à l’écosystème.
Cette exigence explique la cohérence et la profondeur des interventions. Nous avons assisté à des échanges d’une rare qualité, qui ont véritablement apporté une valeur ajoutée au débat. Je crois que cette démarche a permis d’avoir un SIPEN marquant en termes de qualité intellectuelle.
Le Tech Observateur : Quels enseignements majeurs tires-tu de cette édition sur le plan de la recherche et de l’innovation numérique au Sénégal ?
Tidiane Sarr : Le premier enseignement, c’est que le SIPEN 2025 a atteint un vrai niveau de maturité, du point de vue des échanges et du contenu. Il a montré que nous disposons de vrais experts, porteurs d’idées et de solutions concrètes.
Pour renforcer la recherche et l’innovation numérique au Sénégal, il faut désormais créer des passerelles entre la recherche, le secteur privé et l’action publique. Si nous arrivons à structurer cela, le Sénégal peut clairement devenir un hub régional d’innovation numérique en Afrique.
Un autre enseignement clé concerne la souveraineté scientifique : il est temps de développer nos propres cadres de normalisation, nos référentiels techniques et nos plateformes d’innovation ouvertes. Ces questions sont revenues à plusieurs reprises durant le SIPEN.
Le Tech Observateur : Quelles pistes d’amélioration envisages-tu pour renforcer la dimension scientifique du SIPEN dans les prochaines éditions ?
Tidiane Sarr : Pour renforcer la dimension scientifique du SIPEN, nous envisageons la mise en place d’un comité scientifique permanent.
Ce serait un moyen d’assurer une meilleure continuité des travaux et de valoriser les résultats sous forme de publications. Nous allons produire un rapport, mais il faut maintenant institutionnaliser cette démarche. L’objectif est que le SIPEN devienne une véritable plateforme de recherche, de prospective et d’innovation au service du numérique.
À terme, nous voulons faire du SIPEN non seulement un lieu de débat — ce qu’il est déjà — mais aussi un espace de production de savoirs et de perspectives stratégiques au service de la transformation numérique. Nous pourrons soumettre des contributions et des propositions aux autorités, notamment au Conseil national du numérique, pour passer à un niveau supérieur.
Le Tech Observateur : Quelles thématiques ou interventions t’ont le plus marqué par leur pertinence ou leur originalité ?
Tidiane Sarr : Ce qui m’a le plus marqué, c’est la profondeur des échanges sur la gouvernance des données.
Mais aussi les réflexions sur le capital humain et l’inclusion numérique, qui ont réussi à lier vision stratégique et actions concrètes autour du New Deal technologique.
Ces discussions montrent clairement la direction à suivre pour les prochaines éditions du SIPEN : approfondir les sujets structurants, mais surtout transformer les idées fortes en programmes d’action concrets. Pour la prochaine édition, je proposerai que le SIPEN devienne un cadre de suivi du New Deal technologique.
L’objectif est de passer du débat à l’action, de mettre en avant les projets concrets et les talents qui font bouger l’écosystème. Le SIPEN 2026 devra être à la fois un espace d’innovation, de prospective et de mobilisation collective autour de la souveraineté numérique.
