Ce samedi, l’Institut Polytechnique de Dakar a accueilli la cérémonie de lancement de la promotion 2025 du programme Talent4Startups, une initiative portée par la startup suisse EDACY, spécialisée dans la formation numérique à fort impact en Afrique. À travers ce programme intensif de 12 semaines, 180 jeunes Sénégalais seront formés aux métiers tech de demain et accompagnés vers une insertion directe dans les startups du continent.
Dès 9h, l’assemblée s’est réunie autour d’un accueil chaleureux et d’une ambiance conviviale. Après les mots de bienvenue de Mamadou Djigo, co-fondateur d’EDACY, la présentation du programme a permis de poser les bases d’un dispositif innovant, centré sur l’apprentissage par projet, l’encadrement personnalisé et une pédagogie active.
Talent4Startups propose quatre parcours spécialisés : Développement Fullstack, Architecture Logicielle, Design Produit (UX/UI) et Head of Product. Les apprenants, encadrés par des instructeurs, tuteurs et Project Managers, travailleront sur des projets réels proposés par dix entreprises partenaires. L’objectif : former des professionnels immédiatement opérationnels, dotés à la fois de compétences techniques solides et de soft skills adaptées aux exigences du monde professionnel.
Une ambition forte : diversité, inclusion et excellence
Parmi les enjeux majeurs de cette édition, l’accent est mis sur la représentation équilibrée femmes–hommes dans les disciplines techniques, avec une volonté affirmée de briser les préjugés de genre dans la tech. Le processus de sélection rigoureux a retenu 186 candidats parmi plus de 2500 postulants, traduisant un engagement fort pour l’excellence, l’équité et l’impact.
Un panel inspirant sur le futur du travail collaboratif
Moment fort de la cérémonie, le panel intitulé « L’Avenir du Travail Collaboratif dans la Tech Africaine », modéré par le journaliste Ousmane Gueye, a réuni quatre personnalités aux parcours complémentaires, venues partager leurs expériences et visions autour de la collaboration dans l’univers technologique africain.
Al Ousseynou Gueye, CEO de Persotic, a ouvert le débat en insistant sur l’importance croissante des soft skills dans la performance des équipes tech. Pour lui, au-delà de l’expertise technique, c’est la capacité à communiquer, à écouter et à s’adapter qui fait la différence dans des environnements complexes. Il a également souligné les défis logistiques, culturels et de connectivité rencontrés lorsqu’on tente de mettre en place une collaboration à distance entre différents pays africains. Enfin, il a partagé sa conviction que la diversité des profils – en âge, genre, origine ou parcours – est un véritable catalyseur d’innovation chez Persotic, dès lors qu’elle est bien intégrée et valorisée.
Khadidiatou Ndiour, développeuse Fullstack chez Sonatel et alumni EDACY, a livré un témoignage personnel sur le rôle crucial des compétences humaines dans la réussite des projets collaboratifs. Elle a évoqué des valeurs comme la patience, la rigueur, ou encore l’écoute active comme étant essentielles dans son quotidien professionnel. En tant que femme évoluant dans un univers encore très masculin, elle a parlé des stéréotypes à déconstruire et des défis spécifiques auxquels elle fait face, en particulier en matière de reconnaissance et de place dans les dynamiques collectives. Elle a aussi salué la pédagogie d’EDACY qui, selon elle, l’a bien préparée à collaborer efficacement à distance dans des équipes hybrides et multiculturelles.
Céline Thiam, fondatrice de Smart Démarche Coaching, a pour sa part abordé la question de la structuration des soft skills dans les équipes tech. Elle a proposé des pistes concrètes pour développer ces compétences au sein des organisations, en insistant sur la nécessité d’un accompagnement ciblé, d’espaces de feedback, et d’une culture de confiance. Pour elle, une collaboration durable nécessite des rituels collectifs, une reconnaissance explicite du travail en équipe et une attention portée au bien-être. Elle a également insisté sur le potentiel de la diversité – qu’elle soit générationnelle, culturelle ou cognitive – qu’elle considère comme un levier puissant pour l’innovation, à condition de dépasser les clivages et de miser sur la complémentarité.
Enfin, Mamadou Djigo, directeur des programmes chez EDACY, a apporté un éclairage structurant sur l’approche de son organisation. Il a expliqué comment EDACY intègre les dimensions collaboratives et humaines dès la conception de ses formations, à travers des projets réels, un travail en équipe pluridisciplinaire, et un suivi rapproché par des tuteurs et mentors. Selon lui, l’un des principaux défis pour généraliser le travail collaboratif à distance sur le continent réside dans la fracture numérique, mais aussi dans la nécessité de repenser la formation à travers des modèles pédagogiques plus interactifs et plus inclusifs. Il a conclu en saluant l’évolution des profils tech africains, de plus en plus diversifiés, avec une appétence grandissante pour l’autonomie, la créativité et la collaboration.
Ce panel a illustré avec brio les dynamiques profondes qui traversent aujourd’hui l’écosystème technologique africain, et a mis en lumière la nécessité de penser l’innovation non seulement en termes de solutions techniques, mais aussi en termes de relations humaines.
Des ateliers collaboratifs pour apprendre à travailler ensemble
L’après-midi a été consacré à des ateliers pratiques. Lors de “Ma Première Collaboration T4S”, les 30 groupes constitués ont défini leurs règles d’or pour une collaboration réussie. Suivi de la présentation des briefs des entreprises partenaires, posant les jalons des projets à réaliser pendant la formation. Ces projets, inspirés de besoins réels du marché, permettront aux talents de se confronter aux défis concrets du secteur.
Les cours débuteront officiellement le 14 juillet 2025. L’étape finale, prévue le 18 octobre 2025 lors du DemoDay, permettra aux groupes de présenter leurs solutions devant un jury d’experts et d’employeurs potentiels. Ce rendez-vous marquera l’aboutissement d’un cycle d’apprentissage intensif et transformationnel.
