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SALON MONÉTIQUE NATIONAL 2025 : LE SÉNÉGAL FAIT ENTRER LA MONÉTIQUE DANS UNE NOUVELLE ÈRE

SALON MONÉTIQUE NATIONAL 2025 : LE SÉNÉGAL FAIT ENTRER LA MONÉTIQUE DANS UNE NOUVELLE ÈRE

Le Salon Monétique National, ouvert hier à l’hôtel Azalaï, se referme aujourd’hui après deux journées d’échanges intenses entre les principaux acteurs du paiement numérique au Sénégal et dans l’espace UEMOA. Cette première édition, organisée par le Comité Monétique National, s’inscrit dans un contexte de mutation profonde des usages, où la monnaie électronique, les portefeuilles mobiles, le paiement sans contact et l’interopérabilité bouleversent les pratiques financières des citoyens comme des entreprises. L’évènement se clôture ce soir par un cocktail dinatoire destiné à prolonger les rencontres et à stimuler de futurs partenariats entre institutions, banques, fintechs et opérateurs technologiques.

Dès l’ouverture hier matin, la présidente du Comité Monétique National, Mme Ndéye Aminata Diallo, a rappelé la raison d’être de cette rencontre : faire des paiements numériques un levier puissant d’inclusion financière et de souveraineté économique. Elle a attiré l’attention sur un paradoxe lourd de conséquences en Afrique de l’Ouest : la forte pénétration de la téléphonie mobile coexiste avec un taux élevé d’exclusion financière.

Une opportunité historique pour l’inclusion financière

Selon Mme Diallo, cette contradiction représente une opportunité majeure d’étendre l’accès aux services financiers en s’appuyant sur la digitalisation, qui permet de réduire les risques liés au cash, de formaliser les transactions et d’ouvrir l’accès au crédit, à l’épargne et à l’historique financier pour des millions de citoyens. Elle a également insisté sur la dimension stratégique de la souveraineté monétaire dans un environnement où les plateformes technologiques internationales occupent une place croissante.

Elle a mis en avant la nécessité de renforcer les cadres réglementaires régionaux, d’installer des infrastructures locales robustes et de développer les compétences techniques nationales, afin de garantir que l’innovation reste au service des États et des populations. Elle a salué le lancement récent du système de paiement instantané interopérable par la BCEAO, une avancée majeure pour l’écosystème régional.

Une vision régionale portée par le GIM-UEMOA

Dans une perspective plus large, le Directeur général du GIM-UEMOA, Minayegnan Coulibaly, a rappelé que l’espace UEMOA se situe à un tournant. Malgré l’essor du numérique, l’essentiel des transactions reste basé sur le cash. Il a expliqué que les paiements numériques, en rendant visibles les dynamiques d’épargne, de consommation et d’investissement, constituent désormais un outil essentiel pour l’inclusion financière et la bonne compréhension des économies.

Il a présenté le programme GIM Horizon 2026, qui vise à faire évoluer la monétique régionale vers une logique de transaction plutôt que de retrait, en renforçant le schéma domestique, en accélérant l’interopérabilité et en mutualisant les infrastructures. Il a également souligné la nécessité de renforcer la conformité et la résilience des systèmes face à des menaces cybernétiques de plus en plus sophistiquées.

La profession bancaire au cœur de l’écosystème

La présidente de l’APBEFS, Mme Khady Boye Hanne, a mis en avant le rôle majeur de la profession bancaire dans cette transformation. Elle a rappelé que la monétique n’est plus cantonnée à la carte bancaire, mais qu’elle évolue désormais sous l’impulsion de technologies avancées telles que l’intelligence artificielle, la blockchain, les QR codes ou le paiement sans contact.

Elle a insisté sur l’importance de la cybersécurité, qui constitue la condition fondamentale à l’adoption massive des paiements numériques. Elle a également souligné l’engagement constant des banques dans la lutte contre la fraude, dans l’amélioration continue de la qualité des services et dans l’accompagnement du Comité Monétique National pour bâtir un système solide, innovant et durable.

Les chiffres de la BCEAO confirment la dynamique

La dimension réglementaire et statistique a été approfondie par le Directeur national de la BCEAO pour le Sénégal, François Sène. Il a présenté les progrès significatifs accomplis dans l’inclusion financière grâce à la monnaie électronique, aujourd’hui utilisée par des millions de Sénégalais, y compris dans les zones rurales dépourvues de services bancaires.

Le taux global d’inclusion dépasse désormais 85 %, illustrant la transformation engagée. Il a insisté sur l’importance du système de paiement instantané interopérable lancé en 2025, qui permet des transactions rapides, sûres et peu coûteuses entre tous types de comptes.

Un appel renforcé à la sécurité et à la protection des usagers

François Sène a toutefois appelé à une vigilance accrue face aux risques de cybersécurité, rappelant les exigences imposées aux établissements en matière de protection des données, de traitement des réclamations et d’homologation des produits. La Banque centrale, selon lui, reste engagée à garantir un cadre solide, stable et protecteur.

Le médiateur bancaire, Banda Diop, représentant le ministre des Finances et du Budget, a orienté son allocution sur la relation entre les usagers et les acteurs du système financier. Il a affirmé que la modernisation rapide des paiements doit s’accompagner d’un dispositif performant de gestion des litiges, capable de préserver la confiance des utilisateurs.

La médiation, pilier d’un écosystème responsable

Il a rappelé que l’Observatoire de la qualité des services financiers joue un rôle central dans la médiation des conflits liés aux transactions numériques. Son objectif est d’assurer un traitement équitable et rapide des réclamations, de prévenir les différends et de garantir que l’innovation monétique reste bénéfique pour tous, y compris pour les populations les plus vulnérables.

Les panels organisés hier ont ensuite permis d’élargir ces perspectives. Le premier a examiné la manière dont le digital transforme les usages de paiement, à travers la montée du mobile money, l’apparition de nouveaux modes d’acceptation, la digitalisation des parcours dans les secteurs économiques et la capacité des solutions numériques à toucher les zones rurales et le secteur informel.

Les enseignements des panels

Les échanges ont montré que les paiements numériques s’imposent comme un levier structurant de fluidité économique, de transparence et de compétitivité. Ils redéfinissent progressivement la relation entre consommateurs, entreprises et institutions, tout en accélérant la réduction de la dépendance au cash.

Le second panel s’est concentré sur les enjeux liés à la cybersécurité, à la protection des données et à la lutte contre la fraude. Les experts ont analysé les risques nouveaux auxquels les systèmes de paiement sont exposés, ainsi que les solutions technologiques et réglementaires capables d’y répondre.

Un consensus autour de la sécurité et de la souveraineté

Les interventions ont mis en évidence la nécessité d’une coordination renforcée entre banques, fintechs, opérateurs et régulateurs, ainsi qu’un besoin urgent de renforcer la sensibilisation des usagers et les mécanismes d’authentification. La sécurité apparaît désormais comme un fondement essentiel de la souveraineté numérique et de l’adoption durable des paiements électroniques.

Alors que le Salon Monétique National se referme aujourd’hui, il laisse entrevoir une ambition collective solide : doter le Sénégal et la région UEMOA d’infrastructures de paiement modernes, interopérables, sûres et inclusives. Le cocktail dinatoire prévu ce soir marquera la conclusion d’un évènement qui aura ouvert la voie à de nouvelles collaborations et à une vision partagée de l’avenir de la monétique.

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