https://letechobservateur.sn/
Protéger nos enfants en ligne : l’urgence silencieuse

Protéger nos enfants en ligne : l’urgence silencieuse

Le 25 novembre 2025 marquait le lancement des 16 jours d’activisme contre les violences basées sur le genre. Une occasion essentielle pour aborder un sujet encore trop peu discuté: la protection des enfants dans l’espace numérique sénégalais.

À Dakar et dans plusieurs régions, des initiatives se multiplient. L’association Polaris, en partenariat avec l’UNICEF, a récemment mené une série d’ateliers avec des enfants, des parents d’élèves, des enseignants et des acteurs du numérique. Leur constat est clair : les risques se renforcent et les filles demeurent les premières victimes de sollicitations inappropriées, comme le confirme une étude menée par l’UNICEF dans les six régions du pays.

Ces efforts sont nécessaires, mais une question demeure, insistante : qui protège réellement nos enfants lorsqu’ils utilisent un smartphone, un réseau social, un jeu en ligne ou, désormais, une application d’intelligence artificielle ?

La fracture invisible : enfants connectés, parents déconnectés

En tant que mère et déléguée à la protection des données personnelles (ou encore Data Protection Officer), je suis frappée par un paradoxe : les enfants vivent dans un univers numérique que la plupart des parents ne comprennent pas ou ne contrôlent pas.

Beaucoup ignorent :
● ce qui se cache derrière les réseaux sociaux,
● comment fonctionnent les algorithmes,
● quels jeux exposent leurs enfants à des inconnus,
● ou comment paramétrer un contrôle parental basique.

Résultat : un smartphone laissé sans surveillance devient une porte d’entrée pour les prédateurs, les escrocs, les intimidateurs et les contenus violents.

La Commission des Données Personnelles du Sénégal (ci-après CDP) a d’ailleurs enregistré, au troisième trimestre 2025, une hausse significative des plaintes liées au chantage, à la diffusion de vidéos compromettantes, aux arnaques et aux menaces visant des mineurs.

Le numérique s’est imposé… sans manuel d’utilisation

En une décennie, le téléphone portable est devenu le carnet d’adresses, la télévision, l’appareil photo, le jeu vidéo, le cahier de correspondance et parfois… la nounou silencieuse. Facebook, WhatsApp, Snapchat, Instagram, TikTok ou Telegram ont remplacé le papier et le stylo, sans qu’aucune formation ne soit donnée aux parents pour accompagner cette transition.

Le numérique a ouvert le Sénégal au monde mais aussi aux pratiques, aux contenus et aux risques qui l’accompagnent.

Ce que nous devons faire maintenant

La protection de l’enfant en ligne ne pourra jamais dépendre uniquement :
● de la CDP,
● des associations,
● ou des décisions politiques.

La première ligne de défense reste la famille.

Et cela passe par :
● la sensibilisation systématique des parents,
● l’établissement de règles selon l’âge,
● la surveillance des appareils confiés aux enfants,
● le paramétrage obligatoire du contrôle parental,
● la vérification des contenus utilisés lorsque les enfants sont confiés à une aide ménagère ou à un tiers,
● la formation des enseignants lorsque les écoles utilisent WhatsApp ou d’autres applications.
Il ne s’agit pas de restreindre, mais d’accompagner.

Un appel à la responsabilité collective

Ces avancées technologiques sont largement à saluer mais elles permettent également d’accroître des problématiques qui n’existaient pas à l’époque où l’on postait des lettres pour avoir des nouvelles du pays. Rappelez-vous cette enveloppe blanche ornée de petites bandes bleues et rouges avec l’indication en haut à droite ” par avion”.

Nous ne pourrons jamais revenir à l’époque des lettres. Qui dit innovation technologique dit également ouverture sur le monde, ouverture sur des mœurs différentes de la société africaine et plus particulièrement sénégalaise.

Le numérique n’est pas un danger en soi.
L’absence d’accompagnement, si.
Si nous voulons protéger notre jeunesse, cela doit commencer chez nous, dès aujourd’hui.

Pour rappel, en cas de réception de propos dégradants sur les réseaux sociaux :

  • signaler le compte
  • conserver les preuves de l’auteur des faits
  • bloquer le compte de l’auteur
  • déposer plainte auprès de la Police, plus particulièrement la Direction de l’Informatique et de la Cybercriminalité (DIC) et la Commission des Données Personnelles
0 0 votes
Évaluation de l'article
S’abonner
Notification pour
guest
0 Commentaires
Commentaires en ligne
Afficher tous les commentaires
LETECHOBSERVATEUR Fond Blanc 445x180 Blanc

Toute l’actualité IT en direct de Dakar 

CONTACT
0
Nous aimerions avoir votre avis, veuillez laisser un commentaire.x