Dakar perd aujourd’hui l’un de ses esprits les plus lumineux : Abdoulaye Diallo, ‘’le Berger de l’île de Ngor’’, s’en est allé à 72 ans.
Pour moi, Abdoulaye n’était pas seulement un artiste-peintre. Il faisait partie de ma famille. Il était un ami, un oncle, un confident. Il était venu assister au baptême de ma fille en 2019 et nous échangions beaucoup. Un passionné de savoir, à l’aise aussi bien avec le savoir coranique qu’avec les connaissances liées à la vie sur terre. Quand je lui disais qu’il était un immense artiste, il répondait toujours avec ce sourire qui le caractérisait : « je joue simplement ». Et pourtant, rapporte-t-on dans la presse, l’une de ses œuvres avait été estimée à près de deux milliards de francs CFA.
Cet homme, d’une humilité rare, restait distant de ses propres succès. À 50 ans, il avait fait un choix radical : tourner le dos à une brillante carrière dans les télécommunications, dont il fut un des pionniers au Sénégal, pour se consacrer entièrement à l’art.
Ses œuvres n’étaient pas que de simples toiles : elles étaient des interpellations sur notre humanité. Nous parlions souvent de la place de la technologie dans la culture, de l’avenir de l’art dans nos sociétés. Abdoulaye aimait m’accueillir sur son île de Ngor, son « écrin », qui était pour moi une seconde maison. Nous partagions aussi des moments sur l’île de Gorée, où ses réflexions trouvaient un écho particulier.
J’ai eu le privilège de le recevoir sur RFM, puis sur IRadio et ITV, où il parlait toujours avec passion des arts et de la condition humaine. Son espace Penc 1.9, qu’il a créé sur l’île de Ngor, reste l’un de ses plus beaux legs : un lieu de rencontre et de réflexion qui continuera de nourrir les esprits et de revisiter nos humanités.
Abdoulaye nous laisse un héritage immense, à la mesure de son esprit libre et exigeant. Que la terre de Yoff lui soit légère.