Vous connaissez ce moment étrange où l’on s’apprête à écrire sur la disparition d’un homme… et que le destin vous le dépose soudainement devant les yeux, bien réel, bien vivant, posé comme si de rien n’était ?
Moi, je l’ai vécu. Et ce jour-là, le “disparu” s’appelait Alioune Dione.
Je vous raconte. Alors que je préparais tranquillement un nouvel épisode des “Portés disparus de l’IT”, persuadé qu’Alioune avait quitté les radars, voilà que je le croise, ici, au Sénégal, impeccable dans son calme habituel, la démarche assurée de ceux qui savent où ils vont. Il m’a fallu quelques secondes pour réaliser l’ironie : j’étais littéralement en train d’écrire un texte sur son absence… alors qu’il se tenait devant moi. Mais peut-on vraiment disparaître quand on s’appelle Alioune Dione ? Cet homme-là ne fait pas de bruit : il travaille.
Docteur d’État en droit des technologies de l’information, formé à l’Université Grenoble Alpes, passé par l’École française du Barreau de Paris, par l’ENA du Sénégal, Alioune a cette rare capacité d’allier la maîtrise du droit, la culture numérique et la rigueur opérationnelle. Il a contribué à bâtir les fondations juridiques de notre ère digitale : commerce électronique, cybercriminalité, protection des données… Quand le Sénégal a posé les premières pierres, lui n’était jamais loin. Beaucoup l’ont découvert dans les couloirs de la Douane, où il a dirigé pendant plus de dix ans les Systèmes informatiques douaniers, modernisant des processus aussi sensibles que stratégiques. D’autres l’ont rencontré derrière un bureau de professeur, à Saint-Louis, à Bambey, à l’ENA, ou encore dans des formations internationales où il a façonné des générations de juristes et de spécialistes du numérique.
Et puis, discrètement, il a pris une autre trajectoire : celle du Ministère des Finances et du Budget du Sénégal, où il occupe aujourd’hui les fonctions de Conseiller technique et de Chef de la Cellule des Affaires juridiques. Toujours dans la même lignée : servir, structurer, sécuriser, moderniser.
Alors non, Alioune Dione n’était pas un “porté disparu”.
C’était un porté ailleurs. Ailleurs, mais utile. Ailleurs, mais engagé.
Ailleurs, mais fidèle au Sénégal. La vérité, c’est que certains bâtisseurs n’ont pas besoin d’écrans pour exister. Ils n’ont pas besoin de likes, de posts ou de plateaux télé. Ils écrivent dans les coulisses ce qui façonne l’avenir.
Alioune, merci pour ta discrétion qui travaille, ton patriotisme sans bruit, ta constance dans un monde qui change trop vite. Et la prochaine fois que j’ai l’idée folle d’écrire sur ta disparition, promis : je vérifie d’abord que tu n’es pas juste à deux mètres… en route vers une réunion capitale.
