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Mamadou Kane : Quand les dunes de l’Université Gaston Berger de Saint-Louis façonnent un destin numérique

Mamadou Kane : Quand les dunes de l’Université Gaston Berger de Saint-Louis façonnent un destin numérique

Sanar. Ce nom évoque un univers unique, presque irréel, où les dunes s’étendent à perte de vue, parsemées de pâturages et peuplées de troupeaux, tandis que des oiseaux planent au-dessus d’un horizon infini. C’est dans cet écrin paisible situé dans le Nord du Sénégal, loin des bruits des villes, que Mamadou Kane a forgé ses ambitions. À l’Université Gaston Berger de Saint-Louis, ce décor enchanteur a été bien plus qu’un lieu d’études pour lui : il a été un lieu de métamorphose. Arriver à Sanar, cette grande fabrique intellectuelle, c’est entrer dans un monde où la nature et l’effervescence intellectuelle cohabitent harmonieusement. Les paysages, baignés de lumière dorée, semblent murmurer des invitations à réfléchir, à explorer. “Les longues marches au milieu des dunes, le bruit lointain des troupeaux et le cri des oiseaux, tout cela créait une atmosphère propice à la concentration et à la créativité”, se souvient le natif de Derklé, dans la région de Dakar. Cette sérénité naturelle n’était jamais loin du bouillonnement des idées qui animait le campus. “Sanar m’a appris à rêver, mais aussi à construire ces rêves avec patience et méthode“, confie-t-il, avec une pointe d’émotion dans la voix.

C’est dans ce cadre inspirant que Mamadou s’est immergé dans l’informatique, une discipline qui, pour lui, représentait la promesse d’un avenir meilleur. Étudiant studieux et passionné, il s’est distingué par son assiduité et sa soif de connaissance, décrochant successivement une licence, une maîtrise, puis un Diplôme d’Études Supérieures Spécialisées (DESS) en informatique. Mais au-delà des cours, l’Université Gaston Berger était pour lui un véritable creuset d’échanges. Avec ses camarades, il refaisait le monde, imaginant des solutions numériques pour résoudre les défis sociaux et économiques de l’Afrique.

Parmi ces camarades, de brillants cadres qui font l’actualité de la révolution technologique, aujourd’hui. Ces discussions, menées sous un ciel étoilé ou à l’ombre des arbres qui ponctuent les dunes, ont été des étincelles qui allaient allumer les flammes de ses ambitions. Sanar a laissé une empreinte indélébile sur l’informaticien de formation. Il en parle comme d’un endroit où la patience, la réflexion et l’ambition trouvaient leur juste équilibre.

De Matam à Derklé : les racines d’un visionnaire

Avant de fouler la terre inspirante de l’UGB, le Dakarois a d’abord connu Matam et Derklé, deux univers qui semblent opposés mais qui ont, ensemble, l’ont profondément façonné. Matam, la terre de ses ancêtres, avec ses vastes plaines sahéliennes et ses récits transmis de génération en génération, lui a appris la valeur des racines. “Mon grand-père éleveur m’a toujours dit que la patience et l’observation étaient les clés pour comprendre la vie“, se rappelle celui qui, à chaque visite sur ces terres empreintes de sagesse, se reconnectait avec des valeurs essentielles : l’humilité, la résilience et l’importance de l’harmonie avec son environnement.

À l’opposé, Derklé, quartier populaire de Dakar où il a grandi, l’a confronté à l’énergie vibrante de la ville. Entouré de ses quatre frères et sœurs, il a appris la discipline et l’amour du travail sous l’influence de son père, banquier rigoureux, et de sa mère, femme au foyer dévouée. “Dakar m’a appris à rêver grand, à viser toujours plus haut, mais Matam m’a montré qu’il fallait garder les pieds sur terre“, confie l’homme convaincu que cette dualité entre Matam et Derklé a sculpté son identité et son approche du monde : une ambition nourrie par une base solide de valeurs.

Planet Group International : le rêve à grande échelle

Après avoir fait de belles entrées à Saint-Louis, l’heure était venue pour Mamadou d’intégrer le monde professionnel. C’est ainsi qu’il a rejoint une petite société de services informatiques à Dakar, développant des solutions pour des écoles et des hôpitaux. Ces premières expériences lui ont confirmé que la technologie pouvait être un outil puissant pour transformer des idées en réalités concrètes. Mais c’est en 2011, lorsqu’il a rejoint Planet Group International (PGI), que sa carrière a pris une dimension véritablement internationale. PGI, spécialisée dans la transformation digitale, était pour Mamadou un terrain idéal pour repousser ses limites. En tant que Business Development Manager, il s’est rapidement imposé comme un acteur clé de l’entreprise, pilotant des projets dans une quinzaine de pays, de l’Afrique à l’Asie. “PGI m’a donné l’opportunité de voir grand, de travailler sur des projets qui ont un impact direct sur la vie des gens“, explique-t-il.

Parmi ses réalisations les plus marquantes figure la transformation digitale d’une grande compagnie pétrolière au Nigeria, un défi qu’il a relevé en pleine pandémie de COVID-19. “Ce projet a testé ma résilience et ma créativité. Chaque obstacle surmonté renforçait ma conviction que la technologie, bien utilisée, peut être un levier puissant pour résoudre des problèmes complexes“, dit-il avec fierté. Au-delà des projets, l’ancien pensionnaire de l’UGB se dit fier de l’impact de PGI sur l’écosystème numérique africain. “Nous voulons créer un environnement où les PME et les start-ups africaines peuvent prospérer grâce à des solutions adaptées à leurs besoins. C’est ça, pour moi, le vrai potentiel de la transformation digitale“, souligne l’ancien condisciple de Moustapha Cissé.

Entre ambition et enracinement

Aujourd’hui, derrière l’homme d’affaires accompli, Mamadou reste fidèle à ses racines. Marié et père de trois enfants, il trouve son équilibre dans sa famille, qu’il décrit comme son ancre et sa source de sérénité. Polyglotte, il manie avec aisance le Pulaar, le Wolof, le Français et l’Anglais, voyant dans chaque langue une passerelle vers d’autres cultures. Mais c’est vers Matam que se tournent souvent ses pensées. Son rêve ? Créer une ferme où la tradition de l’élevage et la modernité de la technologie se rejoindraient pour offrir des solutions durables. “Ce serait ma façon de rendre hommage à mes ancêtres et de montrer que modernité et traditions peuvent coexister harmonieusement“, confie-t-il.

De Sanar à PGI, de Matam à Derklé, Mamadou Kane trace un chemin singulier, où chaque étape reflète sa quête d’équilibre entre ambition et enracinement. “La modernité ne doit jamais nous éloigner de nos racines. Elle doit les sublimer, les rendre encore plus fortes”, estime le bientôt quarantenaire, persuadé que l’humanité doit sculpter un avenir où la technologie se met au service de l’humanité, avec patience, résilience et une vision inspirée.

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